TDM tandem

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Du 21 janvier au 9 février 2015 : Le Nord du Myanmar

« Ming guh la ba » est le  « bonjour » local. Il n’est pas très dur à prononcer et heureusement car nous le répétons encore et encore en faisant coucou de la main à longueur de journée. Cet aspect là du pays ne nous lasse pas.

 

Bien qu’aux allures détendues (tongs, palmiers et sourires), ce pays cache bien son jeu en dehors de ses frontières. De l’intérieur, toutes les explications des guides sur ce gouvernement dirigé par des militaires sont confirmées. Ses dirigeants nous semblent encore bien armes à feu et restrictions.

 

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Un des nombreux bureau de la ligue pour la démocratie

 

Nous le remarquons principalement par leur présence dès que l’on sort des routes principales. S’ils ne sont pas présents physiquement, les locaux se chargent de nous dire qu’il s’agit de zones dangereuses. Toutes ces zones nous amènent à nous poser des questions : pourquoi ces interdictions, pour qui, … ? C’est après la première tentative plutôt infructueuse au niveau des routes secondaires, que l’on remarque ce manque de liberté de mouvement dans ce pays qui dit s’ouvrir au tourisme.

 

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Jolis arbres au bord d'une piste de terre battue

 

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Maisons le long de canaux au bord de la piste

 

Les interdictions impliquent des permissions. Celles-ci vont de la simple présentation de la copie du passeport à l’obtention de permis avec guide et véhicule privé. La plupart du temps, seuls les locaux y sont autorisés mais pour chaque règle il faut des exceptions. Autour de la capitale administrative actuelle par exemple, Nay pyi taw, seule l’armée est autorisée à circuler sur les grandes routes perpendiculaires à l’axe principale Est qui permet de traverser le pays du sud au nord.

 

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Même les chars à boeufs sont interdits

 

Nous avons eu tout de même de la chance de découvrir ce qu’était une escorte à scooter. Durant toute une journée, 9 guss se sont relayés pour nous suivre de façon quasi ininterrompue. Certain d’entre eux nous ont parlé un peu en Anglais mais quand nous demandions la raison de cette escorte, nous avions droit à un soudain « no english » ou « my duty » (mon devoir). Nous n’en saurons pas plus. Toute cette mascarade est rigolote au début puis leur cinéma « agence tous risques avec talkies walkies » finit par moins nous faire rire. En résumé elle semble encore bien loin l’ouverture totale du pays aux touristes. Idem pour les logements on sent bien un malaise.

Globalement on nous propose (ou oblige) d’aller de ville en ville pour dormir dans les hôtels autorisés aux étrangers. En vélo c’est compliqué ou cela implique de faire des étapes parfois très longues. Nous avons trouvé une parade qui a bien fonctionné : les monastères dans les villages. Cela nous permet de rencontrer les moines bouddhistes et d’en apprendre un peu plus sur leurs habitudes. Ils ont tous une organisation bien différente. Nous ne comprenons d’ailleurs pas comment les habitudes peuvent être aussi divergentes d’un site à l’autre. Les monastères sont occupés par plus ou moins de moines (plus de 20 ans) et de novices (apprentis moines de moins de 20 ans).  Le bouddhisme est enseigné à ces jeunes « bonzes » par les moines dès leur plus jeune âge. Les « confréries » sont entretenues et vivent grâce aux habitants du village et aux dons récoltés lors d’aumône le long des routes.

 

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Moine nous accueillant dans le village de Monzu

 

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 Reprenons la description de nos moments de pédalage. Sur les longs kilomètres de plaine que nous parcourons, nous avons le temps d’analyser les longs des routes. Premiers constats : beaucoup d’indiens, ceux-ci seraient en partie installés au Myanmar depuis la génération de leurs grands parents lorsque les anglais avaient main mise dans la région. Nous essayons de définir les critères pour reconnaitre les différentes populations qui se sont installées (chinois, indiens, …) Pas toujours facile mais on s’améliore.

 

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Un camion de teck

 

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Le retour de l'école

 

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La radio locale

 

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La livraison des chaises longues

 

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Les "usines" de transformation du bambou

 

Nous (oui, j’ai bien dit nous) profitons aussi des milliers de pastèques en vente sous les stands en bambous pour en manger plus que de raison.

 

Pour monter sur le plateau Shan, nous empruntons la route qui a été utilisé pour les 27 ème jeux Olympiques des pays membres de l’ASEAN pour l’épreuve de cyclisme, entre la ville de Tatkon et le lac Inlé. Les pentes de cette route étaient très raides. Le dos, les bras, les genoux, le ventre : tout travaille. A deux reprises la « poussette » du vélo a été obligatoire.

 

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Au détour d'un monastère, Laurent a soufflé ses 28 bougies.

 

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Quand les pentes deviennent trop raides...

 

Ce n’est qu’à l’arrivée dans le village de Pinlaung que l’on fait de nouvelles découvertes. Des ethnies aux tenues différentes et un climat où la doudoune en début et fin de journée fait son retour. La végétation depuis Kyakhto (fin du dernier article) n’avait pas vraiment changée. On retrouvait  globalement tous les jours les cultures de maïs, cannes à sucre et riz qui alternaient sans grand intérêt. Depuis Pinlaung, cette ville aux airs de Kullu en Inde, nous descendons en direction du lac Inlé mais comme les jours précédents chaque montée et remontée présente une pente jamais vu jusqu’à maintenant.

 

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La pagode de Pinlaung au petit matin

 

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De jolies demoiselles PaO en tenue traditionnelle

 

Le lac Inle est un lac d’altitude entouré par de larges zones marécageuses où depuis des centaines d’années des « tribus » locales ont élu domicile et ont développé un style de vie adapté à leur environnement humide. Notre première impression sur ces alentours : mauvaise. Nous nous attendions à un lac pittoresque et nous arrivons par le sud sur une route en reconstruction bordée d’un coté par une nouvelle route construite certainement par l’armée avec un éclairage digne d’un aéroport et de l’autre coté d’immenses « resorts » qui cachent la misère avec des barricades en bambous. Au milieu de tout ça, on voit des abris de fortune. La route est comme vous le comprenez très loin des bords du lac à cause de tout ça. Un portrait plutôt négatif mais il semblerait selon certains guides touristiques (livre) que ce soit le paradis terrestre. Ce site reste néanmoins pleins de charme et que la zone décrite ci dessous est principalement au Sud Est du lac.

 

Ah le tourisme (auquel nous participons), cela fait l’objet de longues réflexions et discussions entre nous. Sujet à controverse qui nous tiraille quand nous constatons à quel point l’ethno tourisme (entre autre) est dévastateur pour la vie des locaux. Nous en parlons longuement entre nous car c’est un vaste sujet qui nous interpelle. Idem pour les photos, éternel dilemme. Nous détestons en prendre, nous adorons les avoir. Elles constituent l’une des rares traces matérielle de notre voyage et pour ça, nous ne pouvons nous en passer. Nous sommes tout de même tracassé de briser de beaux moments d’authenticité avec cette machine marque de richesse et de modernisme qui contraste avec ce qu’on recherche au quotidien.

 

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Distillerie artisanale pour que le sucre devienne du "rhum"

 

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Les abords du lac Inlé encore intacts

 

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Le parking du canal des embarcations pour les visites des sites sur le lac

 

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Technique de rame à 1 jambe spécifique aux hommes du lac

 

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Village de Maun tauk sur les abords du lac

 

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Le portail de jardins flottants

 

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Pêcheur au filet

 

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Le départ du canal direction le lac

 

Les conclusions de ces longs débats internes, nous ont poussé à faire une journée visite vélo/bâteau de traversée et une journée de repos complet afin d’éviter de nous rendre mal à l’aise sur ces tours que nous trouvons trop formatés pour les touristes. Nous avons donc profiter de notre cabane en bambou pour nous goinfrer de beignets et nous reposer pour les prochains jours de route avant la visite de Bagan car ne l’oublions pas le temps nous est compté. Le lac Inlé était tout de même une curiosité et nous avons apprécié le marché de Nyaugshwe pour sa taille, sa simplicité, les tenues locales et sa diversité. Un moment authentique que nous avons adoré.

 

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Le marché des 5 jours à Nyaugshwe, zone poissons

 

Nous poursuivons notre route sur le plateau Shan pour aller visiter le village de Pindaya. A cette période de l’année, les cultures sont au ralenti et les abords des routes un peu arides. La journée est  calme et plate. Nous commençons à voir des avocatiers et des arbres banians géants. Ces derniers sont magnifiques et permettent de faire de l’ombre sur de très grandes zones.

 

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Le Plateau Shan

 

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Avocatier

 

On retrouve les sourires des locaux et on découvre la fabrication des ombrelles en papier de murier.

 

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Bonzesses aux ombrelles

 

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Fabrication du papier "Shan" de murier sauvage

 

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Nous avons trouvé ça extraordinaire. Ils travaillent le bambou avec une dextérité déconcertante. Une des plus belles choses que l’on ai vu en artisanat. Nous passons une journée dans le village de Pindaya, construit autour d’un lac artificiel et calme les jours sans marché.

Nous en profitons pour visiter la grotte des 8000 bouddhas où aujourd’hui, il n’en reste qu’environ 2000.

 

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Vue sur le village depuis l'entrée des grottes

 

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La descente du plateau Shan vers la plaine

 

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Nous nous reposons pour ensuite rejoindre Nyaung U, la ville où nous posons le camp pour faire le tour du site de Bagan. Nous avons également fait notre nouvelle étape record à 159 km. Bagan est un site avec un ensemble de milliers de vieilles pagodes et de stupas, la plupart en briques, éparpillés au milieu du sable et des palmiers. Nous faisons le coucher et lever de soleil sur des pagodes accessibles et plus hautes que les autres. Le matin présente l’avantage de voir également la balade des montgolfières au milieu du site. Nous avons préféré les beaux points de vue en hauteur sur les champs de petits toits pointus que l’intérieur des monuments contenant majoritairement un ou plusieurs bouddhas qui nous semblent tous identique. Ils sont peints de blancs avec les cheveux rouges. Nous nous arrêtons tout de même pour voir une fabrique d’objets dit en lacque. Ce sont principalement des assiettes, verres, vases, … qui sont fabriqués à base de bois puis sculptés, décorés et lacqués traditionnellement 9 fois sur une durée de 6 mois. Ce sont des objets vraiment très très jolis qui nous impressionnent autant que les ombrelles.

 
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Temples en brique

 

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Notre visa tirant sur sa fin, nous quittons Bagan en bus pour atteindre Yangoon, ancienne capitale du pays. C’est une ville très grande où l’on rencontre beaucoup de voitures, de taxis, de bus de ville et d’indiens. Nous visitons la ville à vélo et sommes au début étonnés de ne voir aucun deux roues dans la ville. Nous apprendrons qu’ils sont en fait interdit à Yangoon, ce qui explique peut être quelques coups de sifflet à répétition de la part de la police (à moins que ce soit parce que nous roulions à contre sens…).  Cet ancien comptoir anglais aux quelques anciennes façades coloniales nous rappelle que les Indes étaient très grandes il y a quelques années. Nous sommes pour la deuxième fois du voyage (après les quartiers populaires de Katmandou) arrivés à nous dégoutter de la bouffe de rue. Nous mangeons à des stands de rue mais évitons au maximum ceux qui défient les lois de la santé publique et qui nous font clairement mal au ventre rien que de les regarder. C’est tout de même dans ce pays, que nous aurons vu les plus beaux marchés. Nous entendons de notre chambre d’hôtel un clocher d’église et marchons au milieu du quartier musulman avec ses mosquées. Nous terminons les visites de la ville par le coucher de soleil à la pagode Swedagon entourée de bougies à l’huile. Une pointe dorée sur les hauteurs de la ville. Elle brille de 1000 feux mais cette fois nous ne la verrons qu’en restauration. Nous la découvrirons au lever du soleil peut être une prochaine fois pour l’apprécier à sa juste valeur.


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La pagode Swedagon vu du bas de la porte Est


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Vue du pied de la pagode Swedagon en fin de journée

 

Notre dernier bus nous permet de rejoindre la frontière Thaïlandaise depuis Yangoun. On peut dire qu’il a un sacré petit goût d’aventure. Est-ce le démontage du vélo qu’il nous faut emboiter dans les soutes étroites du bus ? le fait qu’il aura fallu pousser le bus pour le faire redémarrer durant la nuit ? la musique à fond sans interruption durant toute la nuit à vous faire péter un câble (et paye ta musique) ? le fait qu’il aura fallu 19 heures pour parcourir quelques 400 kilomètres (soit une moyenne de 21 km/h !!!!!!) ? ou bien encore les manœuvres à répétition du chauffeur pour passer la route étroite et à sens unique qui traverse la montagne avant la frontière Thaï (le copilote est descendu à plusieurs reprises du bus pour poser des cals en bois au sol ou remblayer des trous avec des caillasses pour permettre au bas de caisse de ne pas toucher le sol dans les endroits les plus mauvais) ? Probablement un mélange de tout ça…

 

Rien à voir mais on voulait quand même mettre un petit mot au sujet de Charlie Hebdo :

Grâce à vos nouvelles de France, nous apprenons que la population en Indonésie et bien d’autres pays musulmans manifestent et que les français ne sont pas tous en sécurité dans le monde. L’histoire Charlie Hebdo fait des vagues jusqu’au Myanmar. Nous avons des frissons dans le dos en pensant que cette histoire peut influencer notre voyage malgré la distance qui nous sépare de Paris. Effet papillon qui induit amalgames, colère, incompréhensions. Les événements parisiens ne sont pas inconnus des villageois car on nous en a parlé dans un hôtel un soir. Nous n’avons malheureusement pas tous les éléments mais que veut dire le mot liberté …

 

Nota sur notre itinéraire au Myanmar : pour les curieux qui suivent notre itinéraire sur la carte, certains se demandent surement pourquoi nous avons fait une boucle dans le pays et sommes ressortis par la même frontière que nous étions rentrés. Notre idée d’origine était de ressortir du pays par la frontière Nord (Mae Sai), mais nous avons découvert seulement quelques jours avant d’entrer au Myanmar, que bien que les deux frontières terrestre soient ouvertes, il est impossible de les relier par voie terrestre (permis extrêmement cher nécessaire pour emprunter la route). La seule solution aurait été de prendre un vol pour franchir cette zone, solution trop compliquée avec le tandem. Pour cette raison, nous avons du faire une boucle.

 

Nota sur la situation militaire : Nous vous décrivons dans cet article les restrictions d'accès de certaines zones pour les étrangers. L'article ci-dessous est probablement un élément de réponse sur les causes de ces restrictions (le conflit mentionné a eu lieu le jour de notre sortie du pays):

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2015/02/13/birmanie-heurts-entre-l-armee-et-des-rebelles-dans-le-nord_4575927_3216.html



18/02/2015
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