TDM tandem

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Du 14 au 20 Janvier 2015 : Le Sud du Myanmar

Nous traversons donc en tandem la frontière du Myanmar. Fait étonnant, l’armée n’est pas présente et l’atmosphère y est très détendue. Nous trouvons un bureau de change pour récupérer quelques kyats, la monnaie locale. Nous sommes étonnés de voir derrière les guichets des centaines de liasses de billets apparentes, posées à même le sol. On a du mal à imaginer la même chose en France.

 

Une dernière montée nous attend et pas des moindres, avec des pentes que nous ne connaissons que rarement (elle me vaudra d’ailleurs un mal de genou les jours suivants). La récompense, c’est que la descente derrière est à l’identique, et que nous explosons notre record de vitesse en atteignant les 85 km/h. Sur la route, de nombreux check point. Sur l’un d’eux, d’où nous voyons clairement une mitraillette braquée sur la route, nous relevons un petit écriteau en bois où il est écrit « born to kill » (né pur tuer). Ah ces birmans, quel sens de l’humour ! Mais où est donc le petit smiley qui authentifie la blague ? Ah ben non il n’y en a pas….


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Peu avant Kawkareik

 

L’ouverture des frontières terrestres du Myanmar (ex Birmanie) aux étrangers est très récente (environ un an), et celle-ci est sans nul doute liée à l’ouverture du pays au tourisme. De ce fait, une nouvelle route est en construction après la frontière. Une magnifique deux voies creusée dans la montagne ayant pour but de remplacer l’ancienne route très  étroite sur laquelle le sens de circulation alterne d’un jour à l’autre.

 

Dès le passage de la frontière, nous remarquons la peinture blanche (en réalité de la poudre de tanaka) que de nombreux birmans et birmanes arborent sur leur visage. Cette poudre sert à protéger la peau du soleil même si beaucoup l’utilisent également comme artifice, et c’est vraiment réussi ! Un effet pervers est l’effet « mort vivant » que cela donne à certains qui semblent être tombés dans le pot. Les birmans ont un visage un peu arrondi qui nous fait penser à ceux des tibétains que nous avions vus au Ladakh. Après recherche, il semblerait effectivement que les birmans (qui ne constituent qu’une parti de la population du Myanmar) soient d’origine tibétaine.

 

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Poudre de tanaka

 

Nos premières journées dans le pays nous dévoilent un pays à mi chemin entre l’Inde et la Thaïlande. Le travail dans les champs est principalement non mécanisé. Nous retrouvons du sous continent indien le port de la longyi (jupe traditionnelle), les coupures d’électricité, les coups de klaxon et les chargements optimisés de véhicules. Mais aussi les feux de déchets le long de la route et les chambres d’hôtel qui ressemblent parfois plus à des chambres de prison (même s’il est tout à fait possible d’avoir de bonne chambre avec un budget plus élevé). La circulation se fait désormais à droite, avec un volant qui peut aussi bien être à droite qu’à gauche ! On voit aussi l’apparition de side car vélo. Les maisons en bois tiennent quand à elles plus de la Thaïlande, pour beaucoup sur pilotis. La nouveauté, c’est la construction pour certaine des murs et toiture en feuilles sèches ou en feuilles de palmier tressés et des planchers en bambous. On se demande vraiment ce que ça donne en cas de fortes pluies, surtout quand on sait que le pays connait de fortes moussons tout comme ses voisins.

 

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Side car vélo : très répandu dans tout le pays

 

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Habitat local en bambou et feuilles sèches

 

La sympathie des Birmans se fait tout de suite ressentir, de magnifiques sourires sincères s’affichent sur notre passage, des pouces levés, des gens intéressés pour discuter. Dur de ne pas être conquis par cette superbe facette du pays, on ne peut qu’espérer que cette authenticité et cette sympathie ne soient pas déformées par le tourisme comme cela a été le cas dans certains pays. Comme pour illustrer cela, des jarres d’eau sont disposées devant chaque maison, uniquement à destination des passants.

 

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Malheureusement pour nous, le pouvoir en place nous complique un peu la tache pour ce qui est de l’hébergement. Les locaux ont interdiction d’héberger des touristes et le camping sauvage est également interdit dans le pays. Fort dommage, surtout lorsqu’on sait que les hôtels sont plutôt très cher par comparaison à tous les autres pays de l’Asie du sud est (les hôtels sont encore peu nombreux alors que les touristes commencent à affluer et ils affichent souvent complet). La négociation est mise de coté pour ce mois au Myanmar. Vu qu’on nous avait prévenus de cet aspect, on reste au calme et on boit frais. Nous avons rencontré des cyclos qui ont été suivis par la police pendant 4 jours, s’assurant chaque nuit qu’ils étaient bien dans un hôtel autorisé aux étrangers.

 

Dans la journée, la chaleur grimpe à nouveau au dessus de la barre des 35°C, une chaleur qui ne nous avait pas manqué. De belles forêts d’hévéas s’étendent à perte de vue de chaque côté de la route. Nous avions déjà croisé ces plantations en Inde et en Thaïlande, mais ce n’est qu’au Myanmar que nous découvrons quelques unes des étapes de la transformation de la résine issue de ces arbres en latex. Les plaques de caoutchouc sèchent un peu partout le long de la route, après avoir été compressés à plusieurs reprises pour en extraire l’eau.

 

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Pressage des plaques de latex le long de la route

 

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Séchage de ces même plaques

 

Le Myanmar, c’est aussi et surtout une empreinte bouddhiste très présente. Les stupas dorées sont partout, sur la moindre colline, et il arrive très souvent que plusieurs soient visibles simultanément depuis notre tandem. C’est également de nombreux monastères et des bonzes vêtus de rouge que nous croisons un peu partout sur notre route, participant pour beaucoup à cette ambiance paisible du pays. La partie moins agréable est que le bouddhisme n’est finalement pas toujours associé au calme : les sermons diffusés par les hauts parleurs près des monastères sont parfois un peu criard.

 

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L'une des nombreuses stupas

 

Notre première halte se fait dans la ville de Hpa-an, dont les beaux pics karstiques alentours valent le détour. Nous faisons un petit tour à vide l’après midi dans ce décors sympas. Au passage quelques bouddhas supplémentaires (nous en commençons de suite une collection) et un sympathique monastère jonché au milieu d’un petit lac.


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Arrivée aux grottes de "Kawt Ka Thaung"


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De sympathiques moines


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Lumbini parc


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Monastère de Keat Ka Lat


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Vue depuis le sommet


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Lorsque la nuit approche, on voit de nombreux jeunes qui jouent au chinlon (balle en rotin ou en feuilles de canne à sucre tressées) le long de la route, pendant que d’autre descendent tranquillement une bière autour d’une table. Une atmosphère à laquelle on s’accoutume bien rapidement.

 

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Jeunes jouant au chinlon

 

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Peut aussi se jouer avec un filet

 

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Le jour suivant, nous ne pouvons résister à l’envie de prendre une petite voie qui constitue une variante de la route principale. La route du début se transforme en une piste de terre qui nous renvoie de gros nuages de poussières à chaque passage de véhicules motorisés. Les abords de route nous occupent : femmes effilant des bambous pour en faire probablement des chaises, construction de maison et de toiture en feuilles sèches, sciage de bois, pêche au filet dans les marécages... Les femmes fumant de gros cigares ou les dents maculées de rouge sang après avoir chiqué sont aussi des images typiques du pays. Les enfants jouent avec des lances pierre, des élastiques ou tirent des chariots à roulette en bois.

 

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Grottes de Kawt Gone


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Les boules à chiquer vous changent un sourire

 

Plus nous nous enfonçons dans cette voie, plus nous doutons du fait qu’elle va déboucher là où nous souhaitons. A chaque fois que nous demandons notre direction, on nous indique clairement de faire demi-tour. Cette situation, nous l’avons déjà connu et notre carte ne nous avait jamais plantés ce qui nous incite à continuer. Mais nous sommes tellement convaincus de notre coup, que nous arrivons à convaincre nos interlocuteurs à l’aide de notre carte et ils finissent donc plusieurs fois par nous confirmer finalement le chemin. Ce petit manège dure pendant 40 kilomètres : multiples arrêts de véhicules, quelques attroupements, la rencontre d’un homme avec une casquette « immigration » (comment c’est possible de le trouver ici au milieu de nulle part celui là ?) qui contrôle nos papiers mais que l’on finit par convaincre lui aussi (on ne traine pas car on sent qu’il est à deux doigts de nous obliger à faire demi tour). On finit par nous dire en fin d’après midi que nous finirons menottes au main (le geste a le mérite d’être clair) si nous continuons plus loin (nous approchons les zones frontalières, globalement à risque et bien souvent formellement interdites aux étrangers…). Nous n’avons donc pas d’autre choix que de faire demi -tour. Nous tombons quelques minutes après sur des jeunes (très jeunes même : probablement la quinzaine) armés qui nous interrogent de la tête d’un air que nous n’aimons pas trop. Le problème reste qu’il est trop tard pour revenir sur la route principale, qu’il n’y a bien entendu aucun hébergement, que les locaux  n’ont pas le droit de nous accueillir et que le camping sauvage est interdit (et la présence de l’armée ne nous y incite pas trop…). Heureusement nous tombons sur un sympathique petit monastère qui nous accepte avec un grand sourire pour la nuit. Après un véritable festin, Sayarlay Sayarma Daw Punnamie, une bonzesse Thaï, nous initie à la méditation. Nous sommes vraiment une équipe de bras cassés, entre moi qui suis incapable de tenir en position du lotus et qui demande à me mettre sur une chaise et Elise qui doit abroger ses 10min de méditation tellement ses jambes lui font mal. Cette nuit, couchage séparé, moi dans le dortoir des bonzes, Elise dans celui des bonzesses. Eux dorment à même le sol, mais nous nous autorisons quand même à poser nos matelas autogonflants.

 

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Initiation à la méditation


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Le jour suivant, en faisant marche arrière, nous tombons sur un embranchement qui nous pose à nouveau un gros dilemme mais nous ne sommes pas prêt à tenter notre chance au risque de doubler la mise et effectuons un repli stratégique des troupes. Après consultation de google map, la piste que nous voulions prendre semblait bien exister, de là à savoir son état… peut être s’agissait il plus d’un chemin. On aura fait notre plus beau cul de sac de ce voyage : tout de même 80 kilomètres aller retour!

 

Les jours suivants, nous gardons notre rythme et nous nous levons assez tôt. Cela nous permet de profiter du frais le matin, de voir les nombreux écoliers à vélo allant à l’école et les moines faisant l’aumône dans la rue. Chaque matin, ils déambulent dans la rue pieds nus et en file « indienne ». Le premier agite une cloche qui alerte les passants de leur passage. Ceux-ci sortent alors de chez eux et attendent leur passage pour  leur donner de la nourriture à la louche (il s’agit le plus souvent de riz) dans leur bol à aumône.

 

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Aumône des moines le matin

 

Sur des conseils avisés, et suite aux évènements de Charlie Hebdo qui semblent avoir allumé la poudre, nous retirons par précaution notre drapeau français.

 

Nous prenons un jour de repos à Kyaik tho, ou plutôt un jour sans vélo, car nous en profitons pour gravir les 1000m de dénivelé qui nous amènent au rocher d’or, un haut lieu de pèlerinage pour les bouddhistes que nous croisons un peu partout le long de la montée. Nous n’avons vu personne dans notre sens : pas fous les pèlerins ! La spécialité du coin, la fabrication de jouets en bambous (mitraillettes, épées) dont nous voyons la construction tout au long de la montée. Ces jouets remportent un très grand succès, rare sont les birmans qui ne repartent pas avec.

 

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Rocher d'or de Kyaik tho

 

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Fabrication artisanale de jouets en bambous


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Notre route continue ensuite vers le Nord, en direction du lac Inle, mais ceci fera l’objet d’un prochain article.



09/02/2015
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