TDM tandem

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Du 21 Août au 2 Septembre : Le début du Ladakh en Inde : de Kullu à Leh

Julley,

 

Nous voilà arrivés en Inde. Le passage de la frontière est assez comique. Une petite bicoque du côté Népalais et la même chose du côté Indien. On nous interpelle au passage du fait de notre tête d’étranger, nous remplissons des petits formulaires et voilà, le tour est joué.

A peine arrivé en Inde, nous dénichons un bus direct qui nous amène à Kullu (1100m d’altitude), à proximité de la région du Ladakh, au Nord de l’Inde. La bagatelle de 23h de bus, et il ne s’agit pas de ces bus « spécial » touristes avec climatisation et autres accessoires. Nous avons droit au bon vieux bus des Indiens, sans clim ni suspension dans lequel nous décollons de notre siège en permanence étant donné les nombreux dos d’âne et la conduite effrénée du chauffeur (le repas du midi a été fatal pour certains indiens : plusieurs ont vomis à l’intérieur du bus mais ça n’a pas eu l’air de l’alarmer). Le chauffeur passe son temps à déboiter sans aucune visibilité, se contentant de klaxonner comme seule sécurité. Bref un trajet long, des plus inconfortables et quelques fois un peu effrayant que nous ne saurions recommander. Le point positif est que le tandem que nous avions solidement arrimé sur le toit du bus et pour lequel nous étions très inquiet durant le trajet a lui mieux vécu le trajet que nous. On le retrouve seulement avec une bonne couche de poussière.

 

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 Et à la tienne pour monter le tandem sur le bus !

 

Le trajet nous permet d’avoir déjà un premier aperçu de cette partie de l’Inde, extrêmement sale (des déchets jonchent les rues de partout). Nous comprenons que les  « micropur » que nous avons utilisé pour purifier l’eau au Népal vont être insuffisants ici quand nous voyons une pompe à eau qui émerge d’un tas de déchets en surface, ce qui n’empêche bien sur pas les Indiens de la boire.

 

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Une petite soif ? Servez vous....

 

Chose étonnante, au premier abord, cette partie de l’Inde parait plus riche que le Népal, nous voyons ici quelques bâtiments en dur, en relativement bon état et propre ce que nous ne voyons pour ainsi dire jamais au Népal, hormis à Katmandou. La disparité riche/pauvre semble beaucoup plus marquée. Nous ne regrettons pas une seconde de ne pas avoir réalisé ce tronçon à vélo car la route n’a strictement rien d’intéressant, succession presque ininterrompue de zones urbanisées, le terrain est plat et les rares points de verdure n’ont rien d’attirant.

Le lendemain de notre arrivée à Kullu, nous voilà parti pour le début de l’ascension en tandem en direction de Leh avec une première étape de 1100m de dénivelé positif qui nous permet de dépasser la ville de Manali. C’est ici que nous allons débuter le tronçon Manali-Leh, connu pour être la deuxième route la plus haute du monde.

 

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Bien dit ! Voilà une bonne introduction

 

A Manali, nous rencontrons deux sympathiques Français de Lyon qui commencent un périple de 6 mois en Inde, Jeremy et Nathalie. Ils viennent de réaliser la traversée que nous commençons tout juste mais eux l’ont réalisé en sens inverse. Ils nous filent donc pleins de bons tuyaux forts utiles. Nous avions connu notre premier coup de mou au Népal (perte de motivation) et l’arrivée au Ladakh nous avait déjà bien remotivés mais là nous sommes carrément motivés à bloc après les avoir rencontré. Le Ladakh semble rassembler tous les ingrédients : grands espaces, beaux paysages, défi physique…

Le jour suivant, l’ascension continue : 41 km de montée ininterrompue avec 1700m de dénivelé positif, un record pour nous. Après la chaleur étouffante du Népal, cette baisse brutale de température est super agréable et nous sommes parfois impressionnés de réaliser la montée si facilement.

 

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La route en bon état effectue d’innombrables lacets au milieu de beaux paysages verdoyants, les habitations deviennent rares. En milieu d’après midi, nous  arrivons enfin au col de Rohtang à 3975m d’altitude, au milieu des yaks, et des drapeaux bouddhistes qui marqueront désormais toutes nos arrivées aux cols.

 

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Et un yak, un !

 

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 Arrivée au col de Rohtang (3975m)

 

Tout au long de la montée, nous sommes photographiés et filmés par des locaux et des touristes des dizaines et des dizaines de fois. Les gens veulent parfois poser avec nous, bref un peu lourd tout de même mais dans l’ensemble beaucoup d’encouragements, de signes de main et de gens qui nous parlent, contacts qui nous avaient bien manqué à la fin du Népal. Après le col, nous redescendons pour rejoindre le village où nous devons dormir. La route se transforme, fini l’asphalte ou presque, nous avons droit à de la piste en très mauvais état qui nous secoue dans tous les sens.

 

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 Sur la redescente

 

Les véhicules motorisés se font encore plus rares, seuls quelques camions et quelques bus subsistent. Quand nous arrivons enfin au village, nous sommes lessivés mais super content de notre journée. A 8h, nous sommes déjà au lit.

La journée suivante est plus reposante, nous longeons une vallée avec succession de petites montées et descentes. Dans la matinée, la série des ponts détruits continue (voir article Népal), le passage d’un camion a endommagé les plaques de métal du pont ainsi que les poutrelles métalliques qui les maintiennent, tout le trafic est bloqué et c’est une centaine de personne totalement non qualifié qui y mettent du leur pour réparer le pont, sautant à l’unissons sur les plaques de tôles pour essayer de les détordre !! Bref, notre vélo est comme d’habitude un atout dans cette situation : nous déchargeons, passons le pont en portant tout le matos et nous voilà repartis.

 

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 Arrivée au village de Keylong

 

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Les deux journées suivantes nous permettent de prendre encore 2000m de dénivelé et d’atteindre le col de Baralacha à 4980m. L’altitude se fait clairement sentir au-delà de 4000m d’altitude et la fin de l’ascension est un vrai calvaire, Elise s’en tire mieux que moi. Les paysages sont superbes.

 

Montée au col

 

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Juste avant le col


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Col de Baralacha (4850m)


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 Sur la redescente

 

Le deuxième soir nous bivouaquons au milieu d’un champ d’edelweiss à proximité de deux tentes de travailleurs indiens qui « entretiennent » la « route ». La nuit est encore très agitée et je suis pris de violents maux de tête, qui s’effaceront heureusement lorsque nous perdrons 300m d’altitude le lendemain matin. La route serpente au milieu d’une immense vallée verte, encerclée de montagnes et longe également un canyon profond où circule une eau d’un bleu turquoise, le tout est impressionnant et magnifique ! Un petit air d’Islande de temps en temps.

 

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Entrée au Ladack


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Nous rejoignons alors Ryan et son fils Asher, qui réalise le même parcours que nous en une sorte de tandem  et réalisons l’ascension du col du jour avec eux.

 

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L'ascension en pente douce, accompagnée des camions militaires

 

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La nuit fut encore très difficile, fortes migraines pour moi et Elise cumule tous les symptômes du mal des montagnes : vertiges, chaud/froid, nausées, mal de tête…. Bref, cette fois ci, nous décidons de nous arrêter un jour pour nous acclimater à l’altitude. Nous faisons de belles rencontres cyclos : un couple en tandem des Etats Unis, un cyclo de Finlande. On est tous noirs de poussières et fatigués de ces montées – descentes.

 

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 Bivouac à Wiskey Nala

 

L’acclimatation semble fonctionner et la nuit se passe plutôt bien ce coup là. Le lendemain matin (29 aout), nous réalisons l’ascension sous une fine neige, notre équipement est tout juste suffisant pour la température qu’il fait, nous sommes tout de même à plus de 5000m au col. Un effort démesuré pour seulement 7km de montée en piste : nous devons nous arrêter très régulièrement car nous nous essoufflons très vite du fait du manque d’oxygène. Après le col, les paysages changent encore, nous sommes sur une autre planète, totalement minérale, alternant entre pans rocheux escarpées, piste creusée dans la falaise, montagnes de «  sable » et cheminées de fées. Nous sommes impressionnées d’une telle diversité des paysages depuis le début de notre parcours. Nous retrouvons sur cette partie un peu du centre de la Turquie et de l’Ouest des Etats unis.

 

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 Redescente du col de Wiskey Nala (4975m)

 

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 Un petit air de Cappadoce

 

Après l’effort de la veille, la partie difficile fut de convaincre Elise de ne pas céder à la tentation de mettre le tandem dans un camion pour la montée suivante. Il a fallu user de méthodes et se montrer insistant mais elle s’est finalement résolue à l’idée. Et heureusement car la montée suivante s’est finalement bien passée. Nous avons appliqué la technique consistant tout simplement à respirer plus profondément, plus rapidement que d’habitude et ceci en en continue afin de contrer la baisse du taux d’oxygène dans l’air. Ce matin là, une belle neige tombe à notre réveil mais heureusement elle ne tient pas et après une demi-heure d’attente, nous pouvons démarrer.

 

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Réveil sous la neige après une nuit en dhabas à Kang

 

Plus tard dans la journée nous quittons la « voie principale » et empruntons une variante nous permettant d’atteindre le lac de Tso Kar, perché à 4 685m d’altitude et entouré de dépôts de sel. Nous y voyons de nombreux kyangs (ânes sauvages) en groupes ou seuls ainsi que des grues.

 

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 Peu avant le lac

 

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Tso Kar

 

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 Kyangs (ânes sauvages)

 

Le lendemain, nous continuons de longer le lac, il fait beau et la vue sur le lac au milieu des montagnes dont les sommets sont enneigés est superbe.


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Une longue piste nous permet d’accéder au col à environ 5070m d’altitude, après avoir dépassé plusieurs camps de nomades dont certains nous offrent du lait ou veulent nous vendre des sortes de « pierres précieuses ».

 

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 Col de Polokongka (5070m)

 

Les paysages changent toujours au fur et à mesure que nous avançons : pans rocheux, grande prairie, rivière de souffre… Après de longs kilomètres, nous rejoignons la vallée de l’Indus que nous suivrons les jours suivants afin d’arriver à Leh, notre destination. C’est le retour des petits villages qui jalonnent la vallée, chacun d’eux étant entouré d’un coin de verdure qui contraste radicalement avec le reste du paysage minéral.

 

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Un village parmi d'autre

 

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 Sacré contraste

 

Nous connaissons notre première vraie tôle ondulée ces jours ci, à vous rendre fou. Juste avant d’arriver à Leh, nous visitons le monastère bouddhiste de Thiksey où nous rencontrons un groupe de Français très sympathique de Lyon.

 

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Monastère de Thiksey

 

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 Un petit Bouddha de 12m de haut

 

Nous y retrouvons également Ryan et Asher qui ont eux suivi la « route » principale. Nous finissons le périple avec eux jusqu’à Leh, terminus de cette route himalayenne magnifique et difficile.

Une pause à Leh est prévue pour ses prochains jours, ça ne devrait pas nous faire de mal, il y a même une vrai douche dans l’hôtel et les draps sont propres, on n’y croyait plus !

En tout cas, on vous prévient, ces temps ci il vaut mieux nous avoir en photo qu’à table et ça tombe plutôt bien !!! (une chose de bien ici, c’est que leur plat unique est à volonté, bon point pour nous, mauvais point pour eux).

 

 

La route Kullu-Manali-Leh via le lac Tso Kar en quelques chiffres :

   - Départ Kullu (1100m) – Arrivée Leh (3500m)

   - 10 jours de tandem + 1 jour d’acclimatation/repos

   - Distance totale : 660km dont 185km à plus de 4500m d’altitude

   - 5 cols (Rohtang La : 3975m – Baralacha Pass : 4850m - Wiskey Nala : 4975m - Lachung La : 5035m - Polokongka pass: 5070m)

   - Dénivelé positif cumulé : Environ 8000m

   - Type de route : ¼ goudron neuf, ½ mélange goudron défoncé/piste,  ¼ piste « difficile »

 

 

Petit topo sur les incidences de l’altitude :

Il est normalement conseillé de respecter des paliers de 300m max entre deux nuitées pour éviter les problèmes liés au mal d’altitude et ceci dès 3000m d’altitude. Malheureusement, il est impossible en vélo de respecter ces paliers sans quoi on ne pourrait pas avancer. Nous avons donc essayé dans la mesure du possible, de toujours redescendre après avoir atteint un col pour dormir au plus bas. Malgré tout, nous n’avons pas échappé à quelques petits désagréments :

   - Maux de têtes dès 3200m puis fortes migraines dès 3800m pendant trois nuits pour moi et mal de tête + nausées une nuit pour Elise à 4800m qui n’en a d’habitude jamais

   - Chaud/froid (fièvre) plusieurs nuits pour nous deux dès 3800m

   - Manque de souffle 2/3 nuits pour nous deux

   - Essoufflements rapide pour nous deux particulièrement au dessus de 4800m partiellement contré par une respiration plus rapide et plus profonde

   - Baisse de faculté visuelle pour moi les premiers jours

 - Mauvaises nuits dès 3200m et durant 4 nuits pour nous deux (jusqu’à la journée de repos/acclimatation)

Globalement, excepté l’essoufflement, tous les autres « symptômes » ont disparus après 2/3 jours en haute altitude, le jour d’acclimatation/repos a aussi bien aidé.

 

Quelques informations plus générales sur cette route :

   - Elle n’est officiellement ouverte que de juin à septembre du fait de la neige qui la bloque le restant de l’année

  - La région est « infestée » de militaires, qui se cachent derrière chaque montagne. Deux raisons, les conflits réguliers avec la Chine à proximité et pour cette raison, ces camps permettent d’habituer les soldats à l’altitude. La majorité des véhicules que nous avons croisés étaient en fait des véhicules militaires. Ainsi, nous avons été très surpris de voir le développement de grosses routes en asphalte dans la vallée de l’Indus, un axe très secondaire alors que l’axe Manali-Leh que nous avons emprunté est parfois en très mauvais état et sans asphalte. En réalité, le développement de ces routes est réalisé dans un unique but militaire, pour permettre aux chars et à l’armée d’accéder aux zones frontalières avec la Chine.

  - La route est bordée de petits villages assez distants au début et à la fin de la route. Au milieu, aucun village, les seules structures en place sont les dhabas, grandes tentes montées en hautes saisons qui permettent aux routiers et autres usagers de la route de passer la nuit mais aussi de se ravitailler. II peut s’agir de tente « dortoirs » ou de tentes individuelles. Dans tous les cas, ne compter pas avoir de douches à disposition…

  - De vrais pont sont en construction sur toute la route et devraient remplacer (dans quelques années) les ponts actuels en tôles dont les réparations bloquent très régulièrement le trafic.



28/09/2014
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