Du 21 Avril au 1er Mai 2015 : Le Sud de la Colombie
A Popayan, un petit tour de la ville blanche, un séchage du matos et nous repartons. Nous sommes tiraillés entre faire les feignasses ou nous dégourdir les jambes. La deuxième idée l’emporte et nous roulons maintenant sur la route 25 nommée « La Panaméricaine », un des axes principaux du pays. Nous sommes toujours étonnés du trafic réduit de ces axes nord – sud traversant même le continent. La voie ressemble à nos départementales de campagnes, les arbres nous font de l’ombre et derrière nous pouvons voir les vaches et les montagnes qui ne sont jamais loin en Colombie. De ce coté du pays, nous pouvons reconnaitre les racines africaines des habitants. Les cheveux noirs, crépus et cette couleur de peau qui ne correspond pas aux sud américains. Une pointe d’exotisme sur ce territoire tropical.
Popayan et ses façades blanches
Depuis le début de la visite de ce pays, excepté Bogota, nous ne pouvons pas dire que la Colombie soit un pays surpeuplé. Cependant, nombreux sont ceux qui nous parle d’insécurité et ce tout au long de notre trajet. La nuit et les routes secondaires reviennent souvent dans les avertissements et nous sont vivement déconseillées. Sur place, un détail ne nous échappe pas, ce sont les gros barreaux qui protègent tous les ouvrants des bâtiments, à minima au rez de chaussée. En ville, nombre d’hôtels et de petits magasins sont fermés en permanence par des grilles. Les marchandises et l’argent sont échangés par un trou aménagé dans ces mêmes grilles. L’armée est présente régulièrement sur le bord de la route et notamment sur les zones de chantiers où ils font des rondes nuit et jours pour surveiller les machines (voire peut être même les ouvriers…). Ils sont équipés d’armes à feux et accompagnés de chiens pas très sympas. La police est postée aussi le long des routes et au centre de Bogota. Ces derniers ne seraient pas vraiment efficaces en cas de problème dans la capitale. « Ne pas visiter le centre de la capitale après 15h » sont les mots employés par Ana Maria. Ceci étant, nous n’avons rencontré aucun problème et les locaux nous ont toujours été très sympathiques.
Les grilles devant les shops
Revenons à nos vaquitas (vachettes), la route nous mène jusqu’à Pasto puis Tuquerres, la région de la pomme de terre. Les paysages de montagnes sont encore différents et impressionnants, composé d’un patchwork de cultures qui s’étendent à perte de vue. Les giboulées d’avril (bah oui ici les pluies sont en avril) sont bien présentes et nous devons composer chaque jour avec pluie, soleil, nuages, … Nous rencontrons des voyageurs en camping car et en vélo. Grâce à eux, nous récupérons quelques bonnes infos pour la suite de notre parcours.
Ca bosse dur
Sur la route après Popayan
Le point le plus bas avant de tout remonter vers Pasto
La frontière se rapproche et nous faisons tous les jours au moins nos 1000 mètres de dénivelés positifs, le plat n’est déjà plus qu’un vague souvenir. Nos mollets se transforment en machines et les cols commencent à défiler. Les pauses « casse croute » se multiplient pour éviter les fringales au milieu de ces longues ascensions, et s’avèrent plutôt efficaces ! Nous sommes en réalité agréablement surpris par notre forme (rappelons quand même que ce n’est pas par hasard si l’Amérique du Sud se situe sur la fin de notre itinéraire, il y avait là-dessous une volonté d’échauffement pour les nombreuses ascensions Andines).
Ca grimpe, c'est beau
Ca grimpe toujours, c'est toujours beau
Les patchworks de culture après Pasto
En direction de Tuquerres
A Tuquerres, nous dénichons un hôtel sympathique où nous passerons deux nuits. Le lendemain de notre arrivée, jour de l’anniversaire d’Elise, nous délestons le tandem et partons à la journée réaliser l’ascension du volcan Azufral. C’est à nouveau 1000 mètres de dénivelé qu’il nous faudra réaliser pour atteindre le sommet, perché à 4000 mètres d’altitude. La piste du début se transforme en un mauvais chemin qui nous oblige à poser pied à terre et à pousser le tandem à de multiples reprises. Mais malgré le brouillard qui nous masque complètement la vue, nous découvrons l’impressionnante diversité de la flore du Paramo, tantôt phosphorescente et colorée, qui nous fait nous arrêter à chaque virage.
Le vent et le froid s’ajoute à la partie à notre arrivée au sommet du volcan et nous commençons à sérieusement douter que nous puissions voir la « laguna verde », nichée en contrebas dans le cratère et qui était en fait l’objectif de notre ascension. C’est seulement une fois descendus (cette fois ci à pied) dans le cratère que le brouillard se lève enfin, découvrant un paysage magnifique. Nous nous sentons dans un autre univers, un sentiment que nous avait déjà procuré l’Islande. Les changements de luminosité, liés à la fluctuation de l’épaisseur de la couche de brouillard révèlent autant de teintes de vert (couleur due à la présence de souffre dans l’eau). Sur les rives du lac, les roches volcaniques jaunes, violettes et noires ainsi que la végétation phosphorente et si singulière du Paramo ajoutent des contrastes surréalistes. Quelques trous laissent échapper des fumerolles qui ne laissent pas de doute sur la présence du volcan qui sommeil en dessous. Elise était supposée souffler ses bougies sur les rives du lac, mais les allumer se révèlera une mission impossible qu’il nous faudra remettre au soir.
Laguna verde, dans le cratère du volcan Azufral
Tentative infructueuse d'allumage de bougies
La redescente « tout terrain » sera également superbe car nous découvrons l’étendu du paysage que nous avons traversé dans la matinée. Nous n’aurons croisé personne, et serons les seuls à avoir profiter de ce lieu insolite dans la journée.
Redescente à travers le Paramo
Nous continuons notre route vers Ipiales, juste avant la frontière avec l’Equateur, à travers une sorte de petit plateau. L’expérience est de courte durée mais nous sommes heureux de constater que la notion de plateau peut exister dans les Andes. L’odeur de l’herbe fraiche et épaisse de la prairie y est très agréable. Sur la route, on se régale à observer la tenue traditionnelle de montagne : le classique poncho en laine et le chapeau dont la forme dépend du goût de chacun.
Ne sont-ils pas au top ?
A Ipiales, nous sommes accueillis par Ozcar et sa famille qui tiennent une ancienne station service reconvertie en parking. Nous y restons une journée et visitons à vide le sanctuaire de Las Lajas, un pont-cathédral incrusté au fond d’un vallon. Notre visite nous fait traverser un autre village dont la spécialité est culinaire, on pense d’abord à des rats mais la photo sur les devantures ne trompe pas, il s’agit de cochons d’inde (cuyes). Ozcar nous fera goûter à la bébête : ça ressemble vraiment beaucoup à du poulet cuit au four.
Sanctuaire de Las Lajas
Cuyes (cochons d'inde) à la broche
Chez Ozcar
Nous espérions réaliser l’ascension du volcan Cumbal, à proximité de la ville mais les prévisions météos annoncent 25cm de chute de neige au sommet ce qui nous fait renoncer. Ozcar nous avait averti, ici la météo est imprévisible, il ne faut pas faire confiance à la technologie. Effectivement il fera un temps magnifique le lendemain. Ce volcan a longtemps été exploité pour ses réserves de souffre et encore aujourd’hui, quelques locaux redescendant le minerai à dos de cheval depuis le sommet. Plus original encore, les locaux utilisent la neige présente au sommet pour la réalisation de glaces dans les villes alentours. La neige serait transportée dans des feuilles de Frailejon, la plante spécifique du Paramo.
Nous sortons de Colombie avec de très beaux souvenirs en tête, qu’il s’agisse de l’accueil des locaux ou des paysages traversés et entrons en Equateur.
Infos en vrac :
Nous n’avons toujours pas évoqué les repas colombiens. Les petits déj n’ont pas été testé car nous préférons partir le ventre plein. Les déjeuners sont composés, en tout cas dans la rue : de soupe (sancocho) à base de pomme de terre et selon les lieux et jour, lentilles, maïs, haricots, platana (espèce de bananes qui se cuisine), pois, … ; d’un plat principal avec riz, viande (trop bonne bien qu’un peut trop cuite) et selon l’humeur : pomme de terre, haricot, salade de crudité, platana, yuka… Le tout étant accompagné d’un jus de fruits frais.
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