Du 22 Octobre au 7 Novembre 2015 : La fin de la Carretera Austral au Chili
Suite de l’épisode 1 : Fin de la carretera austral à partir de la ville de Coyhaique.
Nous avons profité d’une bonne « hospedaje » (chambre chez l’habitant) chauffée avec lit douillet pendant 2 nuits avant de repartir de « La » plus grande ville de la carretera (Coyhaique) pour aller faire un arrêt randonnée à Villa Cerro Castillo qui se situe au pied du sommet du même nom. Pour atteindre le village, nous avons passé le col le plus haut de la carretera australe, à 1120m, le Portezuelo Ibanez, descendu des lacets … et avons eu la chance de voir 2 huemules. Ces animaux du cru ressemblent un peu à nos biches mais avec un long nez et des grandes oreilles. C’est une espèce emblématique du Chili avec le condor qui figure entre autre sur les anciennes pièces de 100 pesos. Les huemules cohabitent entre autre avec d’énormes lièvres qui se dépensent dans les champs. Le frais est devenu froid ces derniers jours et l’asphalte devient piste de terre/cailloux appelée « Ripio » dans le coin, qui ne nous lâchera plus jusqu’à la fin de la Carretera Austral.
Huemule
A Villa Cerro Castillo, nous nous lançons dans une randonnée de plusieurs heures pour atteindre la laguna qui dort au pied du glacier du Cerro Castillo. Le temps est un peu incertain et pour finir de nous convaincre de faire demi-tour, la neige en cours de transformation dans un dévers pentu me fait un peu (voire beaucoup) peur. Ce n'est pas pour rien que le parc est encore fermé en cette saison ! Nous avons eu tout de même de très beaux points de vue sur la vallée et au loin le lac Général Carrera.
Cerro Castillo
Vue dans la montée
Ca devient limite : on fait demi tour
Nous repartons pour cette fois ci une petite halte touristique à Puerto Rio Tranquilo. Nous faisons un tour de bateau pour visiter les grottes de marbre (capillas de marmol), une particularité du coin. Nous effectuons l’aller avec une petite brise sympathique qui fait vacances et avons le droit au retour à des vagues de 1,5m, trop cool pour les amateurs de tape cul.
Peu après Cerro Castillo
De nombreuses forêts mortes le long de la piste
Les arbres portent l'empreinte du vent
L'une des affiches de protestation contre les projets de barrage dans la région, un débat qui fait rage
Grottes de marbre
Les portions de route le long du lac General Carrera sont très belles car le bleu est extraordinaire avec le soleil. Le Rio Baker prend le relais. C’est une rivière au bleu inqualifiable que l’on longe cette fois ci sur plusieurs dizaines de kilomètres. Nous atteignons l’avant dernier village de la carretera digne de ce nom : Cochrane. Nous y faisons les provisions pour les prochains jours pour atteindre Villa O’Higgins en toute tranquillité. C’est ici aussi que nous rencontrons 5 autres cyclistes avec qui nous partagerons des bouts de route. Laura et Adria (Espagnols), Lucia et Lucas (Suisses) et Jéremy (Français) avec qui nous roulons sur les montagnes russes chiliennes.
Lac General Carrera
Le Rio Baker
Jeremy
Les pâtisseries au dulce de leche (confiture de lait), toujours très appréciées
Petit bivouac entre cyclos avant Caleta Tortel
Nous faisons un détour jusqu’ à la crique (caleta) de Tortel. Un charmant « pueblo » créé en 1955 afin d’exploiter les Cyprès de Guaitecas qui poussent en abondance dans le coin. Ce village a été relié la première fois par voie terrestre en 2003 par la piste que nous empruntons sur 25km. La particularité de ce village sont les passerelles en bois qui relient l’ensemble des habitations, des places, des jardins d’enfants et qui sont issus des fameux cyprès. On imagine trop bien la difficulté pour acheminer une bouteille de gaz jusqu’à une habitation qui nécessite de prendre de très nombreux escaliers et passerelles. Nous montons au mirador pour y observer une très belle baie où se jette le rio Baker dans le bras de mer. Nous pouvons aussi y observer de grandes zones intactes où la végétation luxuriante est reine. Le vent qui ne nous a pas toujours aidé ces derniers jours change de sens et nous poussera jusqu’à Villa O’Higgins. La route est la plus sauvage sur cette section et le trafic se fait encore plus discret. Nous bivouaquons sur la plage à coté de l’embarcadère du ferry entre Puerto Yungay et le Rio Bravo. La tente est face à la mer et le soleil nous permet de profiter d’un bon repas le soir et le lendemain matin. Même pas besoin de mettre le bonnet et les doudounes. Serait ce le printemps qui arrive enfin ? Nous prenons le premier ferry de 12h pour 40 minutes chrono de traversée. La route longe en permanence des cours d’eau. Ce qui nous permet de ne porter plus que 2 litres d’eau pour 2 et pour la journée. Cela nous change des dizaines de litres que nous trimballions en Bolivie. Nous traversons de petits cols qui nous rapprochent de plus en plus du bout de la carretera austral. Plus qu’un mois désormais avant le retour, coup de bambou derrière la tête ! Le temps est passé si vite ! Est-ce nous qui avons fait tout ça ces derniers mois ? A priori oui, nous sommes sur les photos donc il faut croire que nous y étions.
Les passerelles en bois de Caleta Tortel
Vue depuis le mirador, en contrehaut de la ville
Exploitation des cyprès
Nous longeons le lac Cisnes, passons une sorte de digue, sur un pont, au milieu d’une foret, et nous tombons nez à nez avec le village de O’Higgins. A ouais ! c’est comme ça le bout du monde ! Nous sommes encore loin du Cap Horn mais quand même ! Nous sommes presque au bout du cul de sac qui se situe au port (8km plus loin) mais c’est tout comme. On sait pourquoi on paye 1euro les deux tomates ici ! Tout l’approvisionnement vient de la région de Santiago du Chili via la piste que nous avons emprunté ce dernier mois.
Succession de petis cols avant l'arrivée à Villa O'Higgins
Villa O'Higgins
Et qu’allons nous faire après ? Et bien prendre un ferry qui nous fait traverser le lac O’higgins pour atteindre Candelario Mancilla à deux (ou trois !) pas de la dernière frontière Argentine que nous devrions traverser. Ce bateau est, comme le reste, précieux car il y en a un seul par semaine à cette période. Nous prenons le premier de la saison et seulement 4h après notre achat de billet (2 jours et demi avant son départ), cette navette est déjà complète.
Première traversée de la saison
Ces derniers jours, nous ont aussi permis de voir nos premiers condors, un renard et un huemule. Alors quel est le bilan de cette route ? Elle rassemble des paysages de forêts, de lacs, de sommets enneigés, … Nous avons longé de magnifiques ruisseaux à l’eau translucide, vu des essences d’arbres natifs du Chili (allerce), des cimes de volcans aux cônes parfaits enneigés,… La Carretera austral est une route sauvage qui mène à la région où les glaciers sont rois. Le plus dur est à venir et sera pour l’Argentine. Avant de passer la frontière, nous avons donc profité du magnifique soleil de Villa O’higgins et de sa chaleur. Il nous a permis de faire une promenade, des lessives et de ranger les chaussettes de ski. Les sacoches faites, nous avons pris « Le » bateau qui nous débarquera au poste de douane chilien de l’autre coté du lac O’Higgins. N’oublions pas l’agréable dernière soirée chilienne avec tous les cyclistes autour d’un feu de bois à parler de l’Espanglais avec un peu de suisse allemand, français et catalan au passage.
Laurent, Jeremy, Adria, Laura, Lucas, Lucia
Notre parcours sur la carretera Austral :
- Départ/Arrivée : Puelche (45km au Sud de Puerto Montt)/Villa O’higgins avec détour par Caleta Tortel
- Durée : 25 jours (21 de tandem, 1 de randonnée à Cerro Castillo, 3 de pause à Chaiten, Coyhaique et Puerto Tranquilo)
- Distance : 1181 km (dont 731km de piste)
- Dénivelé positif cumulé : 9515m
- Météo : 9 jours de soleil, 4 jours couverts, 12 jours d’averses/pluie
- Nuitées : 22 nuits sous tente/abri, 3 nuits au chaud
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