Du 28 Mai au 12 Juin 2015 : Le nord du Pérou
İ Hola !
Ça y est aujourd’hui, nous passons la frontière entre l’équateur et ce fameux Pérou. Ma tête est remplie de clichés où des péruviens jouent de la flute de pan sur la place Bellecour. Bien sûr cela commence avec les services de l’immigration. Ils sont organisés de manière correcte mais la file d’attente et le remplissage des papiers prennent toujours un peu de temps. Et bien entendu comme la majorité des clichés, personne ne nous attend réellement avec des ponchos et bonnets sur le bord de la route en nous chantant des musiques de film. D’autant plus, que le climat est plus adapté à faire pousser des bananes et des cactus plutôt que du quinoa et des pommes de terre.
Nous remarquons tout de même un changement de climat car les paysages sont déjà différents. Les champs sont plus secs et les cactus réapparaissent. A Tumbes, c’est un « mélange de souvenirs ». Les ricksaw (mototaxi) refont leur apparition au milieu des taxis (sparco) de type Katmandou et des voitures défoncées. Celles-ci étaient plutôt en meilleur état de l’autre coté de la frontière. Après un repas à la sud américaine (le désormais classique soupe, plat à base de viande, de riz, de pomme de terre et boisson), nous recherchons un bus pour aller directement à Trujillo. Cette ville se situe sur la cote plus au sud. Nous préférons faire cette partie en transport en commun pour plusieurs raisons.
La première est la sécurité. Les braquages de cyclistes sont courants sur certaines portions de cette route désertique et nous ne souhaitons pas particulièrement nous faire « plumer ». Les récits de cyclos s’étant fait braqués sont nombreux et certain remettent également en question l’éthique de la police du coin qui pourrait être dans le coup. La seconde raison est que la zone est désertique et selon les dire de plusieurs cyclistes un peu inintéressante à traverser en vélo du fait des paysages redondants et de villes pas particulièrement hospitalières.
Nous prenons donc un bus avec une soute hors du commun pour un prix mini. Le bus a deux étages mais le premier niveau n’est qu’un coffre géant où nous rangeons le vélo debout avec même possibilité de laisser les sacoches chargées. Bien entendu, il y a toujours un après dans les chargements de marchandises. Au cours de l’après midi les caisses de poissons ou fruits de mer remplissent le reste de la soute et les derniers trous sont bouchées à la dernière minute avec des sacs de fleurs, …. Nous faisons un trajet plutôt calme car de nuit, sans musique locale et les gens sont respectueux du bruit. Il y a cependant 3 contrôles de police dont deux avec contrôle d’identité. Nous ne savons pas à quoi ont servi ces arrêts plus ou moins prolongés du bus mais en tout cas nous sommes soulagés d’être arrivés avec l’intégralité du chargement à Trujillo après 14h de bus où nous avons gardé nos affaires de « valeurs » collées aux genoux, dans le soutien gorge, pochette sous les vêtements, … Je l’avoue, j’étais assez inquiète par rapport aux vols décrits par pas mal de récits de voyageurs. Un petit détail que je voudrais tout de même signaler. En cours de route les bulots ont été déchargés et après plus de 10h à l’air ambiant, plutôt chaud de ce coin du monde, les réceptionnistes ont rechargé les paquets dans un camion frigorifique. Aucun soucis donc avec la chaine du froid au Pérou !
Nous avons traversé durant ce parcours en partie de nuit, des zones désertiques, des villages « iraniens » tout de briques, des zones du Rajasthan où les déchets poussent à merveilles, …. Encore une fois en seulement quelques heures de nombreux souvenirs refont surface et nous sommes impressionnés par le niveau de pollution de ce pays qui depuis la frontière est excessivement sale. Les maisons sont en cours de construction ou destruction, nous n’arrivons pas vraiment à le déterminer, les villages font plutôt glauques mais les jardins publiques et rond points contrastes radicalement en étant vert, très bien entretenus et jolis.
A Trujillo, nous restons à la maison de cyclistes de Lucho. Connues maintenant par 2096 cyclistes ! C’est LA casa de ciclistas la plus empruntée et la plus renommée d’Amérique du Sud. Nous sommes les derniers d’une très grande liste qui dure depuis 1985. Les statistiques du lieu, tenues méticuleusement, démontrent que les français ont su s’imposer au fil des années et sont au final les plus nombreux à être passés dans le coin en vélo. Profitons de cette source rare et surement assez représentative pour en dire un peu plus : les cyclistes français représentent donc 10% des cyclos de passage, en seconde et troisième position viennent l’Allemagne et les Etats Unis. Comme chez Akbar à Marand en Iran, Lucho rend hommage et sensibilise aux accidents mortels arrivés aux cyclistes au Pérou ces dernières années. En plus de cela, les habitants nous mettent en garde et nous conseillent vivement de faire attention à nous et notre équipage.
Nous ne visiterons finalement aucun des sites archéologiques du coin (Chan Chan et les pyramides du soleil et de la lune). Nous faisons plutôt de la mécanique. Les petits plateaux sont morts et il est plus qu’urgent de les changer. Nous nous promenons tout de même dans la vieille ville et la place des armes avec ses façades très colorées. Nous profitons de nouveau de ces immenses marchés où l’on trouve de tout et notamment des cordonniers qui sont capables de changer tout ce qui cloche sur mes chaussures. Dans ces marchés, nous découvrons toujours de nouveaux fruits et légumes que nous n’osons pas tous gouter pour le moment. Nous comprenons que les racines de yuca sont du manioc, que l’inca cola a un gout de boisson énergisante et que le maïs violet/noir (moredo) n’est pas extraordinaire à déguster en soupe. Cependant, nous nous régalons toujours autant de dulce de leche (confiture de lait).
Plazza de Armas de Trujillo
Une belle rencontre à la casa : Charlotte et Boris, tandémistes français
Une chose étrange est la régulation de l’eau courante dans la ville. L’eau est coupée en fin d’après midi et nous fait à nouveau prendre conscience que l’eau courante est un privilège réservé à une population réduite sur le globe mais encore plus que l’eau courante et potable est un véritable luxe.
Nous repartons finalement après ajustement maison de l’écartement des chaines des plateaux arrière avec des rondelles usinées par Lucho. La route est jonchée de détritus et l’odeur y est vraiment désagréable. Cela n’est pas propre à Trujillo mais pour le moment à tous les coins où vivent des péruviens. Comme dans les pays précédents, la panaméricaine n’est jamais assez grande et les 2 X 2 voies poussent dès qu’il est possible d’élargir la route. Faites nous signe si les esquimaux ont prévu de descendre au Chili avec des convois exceptionnels : cela pourrait expliquer cet engouement pour ces chantiers.
Avant la piste, nous faisons une nuit à Chao dans le jardin du commissariat de police. Une nouvelle expérience qu’ont décrite d’autres cyclistes sur leur blog. Heureusement qu’ils ont bien voulu nous ouvrir leur superbe coin d’herbe car en premier, ils nous proposaient de dormir dans le parc au centre de la ville avec la vogue qui battait son plein. Les jours suivants, nous traversons des paysages désertiques avec sable et rochers. Il y a tout de même des cultures de fruits dont des avocats et de la canne à sucre qui sont très bien gardées. La piste rejoint le Rio Santa qui nous mènera jusqu’à Caraz.
Plutôt sec dans le coin
Au Pérou, ils y vont pas de main morte pour protéger les cultures d'avocats...
Le désert
Cette piste ressemble comme deux gouttes d’eau à la vallée de l’Indus au sud de Leh (encore une fois l’Inde est parmi nous). Le soleil est revenu et l’altitude importe peu sur la température jusqu’à 3000 m d’altitude. Nous avons les cactus et même quelques cigales qui nous accompagnent. Les anciennes mines désaffectées sont nombreuses et il parait mieux que l’activité se soit arrétée pour les travailleurs car les conditions ne devaient pas être sensationnelles vue la position des cheminements dans la montagne.
Cactus marrant
Un air de la vallée de l'Indus
Quelques belles couleurs
Nous montons ensuite à travers le Cañon del Pato à vide car un bus s’arrête à notre niveau et Jenny, une cycliste new zélandaise embarque avec elle dans le bus les sacoches arrières et la remorque. La route et ses 35 tunnels se passent donc bien mieux que ce que l’on aurait pu imaginer. Nous atteignons son point de chute dans le village de Carraz où le staff nous attend. Ce joli petit bourg contraste avec les autres villages traversés jusqu’à maintenant depuis la frontière.
Cañon del Pato et ses 35 tunnels
Sur le long de la route, nous commençons à entendre les « hello, gringos » plus ou moins sympa selon les gens et pouvons apercevoir les superpositions de jupes des tenues traditionnelles péruviennes sur des collants de laine en désaccord avec le reste. Tout est permis, la couleur, les motifs, …l’accumulation de tissus les rendent énormes et les chapeaux sont très originaux et plus hauts que ceux vu jusqu’à présent.
Caraz est notre camp de base pour préparer une randonnée à travers la Cordillera Blanca, le trek de Santa Cruz. Nous prenons une journée à acheter, mettre en sachet la « bouffe » pour les 5 jours que l’on doit faire en autonomie. Nous louons également un grand sac à dos qui viendra en complément de l’un des nôtres pour avoir suffisamment de place pour caser notre grande tente, nos duvets, matelas, etc… Nous commençons ces quelques jours de marche avec des sacs à dos lourds, un peu trop lourd à mon gout pour monter jusqu’à la Laguna 69. Ce lac perché entre 4700 et 4800m d’altitude, selon les sources, est entouré de magnifiques glaciers qui rendent l’eau d’un bleu extraordinaire. Le soleil fait fondre la glace qui craque toute la journée et nous brule littéralement les lèvres et la peau qui n’est pas protégée. Nous y passons une après midi et Laurent se déchaine sur les prises de vue photographiques. Evidemment la nuit à cette altitude empêche un sommeil lourd de s’installer et nous nous tournons et retournons dans nos duvets jusqu’à 4h30, heure du réveil. Nous devons avant 8h30, avoir plié, pris le petit dej, profité du lever du soleil sous un ciel parfait et redescendre jusqu’à la piste où nous reprenons un « combi » qui nous transportera au point de départ du trek de Santa Cruz qui nous occupera les 4 jours suivants.
Lagunas Llanganuco
Belle vue d'ensemble
Bivouac à la laguna 69
Un renard des Andes
Petit dej à la frontale
Laguna 69 au matin, en arrière plan le Chacraraju (6 112 m)
Reflets sympas
Nous commençons par une ascension en combi sur une route qui serpente au milieu de paysages magnifiques jusqu’à Vaqueria. Ici, nous débutons la marche, traversons de petits villages où les bouteilles de gaz sont acheminés à dos d’homme sur des chemins d’ânes. Nous passons de grandes étendues humides puis ça grimpe et, le souffle court et le cœur qui va exploser, nous atteignons le col du trek (Punta union à 4750 m) où les sommets enneigés et les lagunes aux couleurs étranges s’installeront jusqu’à la fin de la randonnée. Ce col est en réalité un passage à travers une brèche dans un mur rocheux aux allures de décors de seigneurs des anneaux.
Le mur d'accès au col
Col de Punta Union (4 750 m)
Nous croisons les muletiers toujours à 100 à l’heure qui nous font bien envie avec leurs odeurs de bouffe aux campements. Nos bivouacs sont tout de même à chaque fois dans un environnement sympathique. Nous apercevons sur notre passage le sommet qui a inspiré le logo de Paramount picture (label cinématographique) ainsi que le sommet qui a été élu le plus beau du monde par le club alpin allemand nommé l’Alpamayo. Sa forme pyramidale leur a tapé dans l’œil. La descente se fait le long d’une rivière qui nous mènera au village de Cashapampa. Le retour pour moi au confort de l’hôtel San Marco de Caraz me ravit car je n’étais pas vraiment au top de ma forme ces derniers jours et le lit moelleux m’appelle.
Elise, pas au meilleur de sa forme. En fond le Taulliraju (5 830 m)
Un beau bivouac de plus, en arrière plan à droite l'Alpamayo (5 947 m)
Le sommet de droite ne vous dit rien ? Chercher bien...
Il s'agissait du sommet Artesontaju (6 025 m), qui a inspiré le logo Paramount Picture (pas facile !)
Etranges couleurs
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