TDM tandem

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Du 7 au 21 Octobre 2015 : Le Nord de la carretera Austral au Sud du Chili

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Brrrr,

 

Au passage du col international Samore, les flocons recommencent à tomber et se transforment en grésil. Malgré les kilomètres que nous avons fait ces derniers mois, nous pédalons pour la première fois sous de la vraie neige qui tient. Nous croisons le chasse neige qui fait sa ronde de contrôle, c’est trop cool. Nous atteignons la frontière encore une fois « très éloignée » du poste de frontière Argentin : 23 km. Nous arrivons au poste de douane, où toutes les sacoches sont contrôlées au cas où nous ne transporterions pas un petit truc interdit (légumes, fruits, …) ! Ils ont réussi à vouloir nous confisquer un cadeau de Sandrine, un luminion en bois de cactus séché car il pourrait contenir des microbes !!!! Deux douaniers ont tout de même fait une étude minutieuse à l’œil nu. Ils étaient certainement chevronnés en la matière et finirent par décréter que le risque était acceptable, après m’être un peu énervée ! Nous repartons avec.

 

 

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Nous dormons la première nuit dans un camping à l’entrée du parc Puyehue. La neige s’est transformée en pluie car nous ne sommes plus qu’à 350m d’altitude. Nous profitons d’un feu de cheminée au fond du restaurant pour faire sécher nos affaires humides. La descente continuera jusqu’à Ensanada à 50m d’altitude. La route est vallonnée ou plate mais les parties en montées sont souvent dignes des chiliens soit des pentes qui font transpirer les cyclistes, habillés jusqu’au cou à cause de la brise printanière qui gèle le visage et les doigts. Les paysages sont verts et les feuilles sont cette fois-ci sur les arbres. Nous voyons des haies de tuyas et d’hortensias. Ça nous change. Les maisons sont toutes fabriquées en bois et les vaches sont bien grasses. Leurs pâturages magnifiques sont dignes de la Bourgogne mais avec en plus la vue sur un lac ou un volcan enneigé en fond.

 

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Le volcan Osorno

 

La densité de population dans la région est encore une fois très faible et les villages (zone avec un minimum de service) sont espacés de plusieurs dizaines de kilomètres. Entre les zones habitées, la forêt dense et les champs barbelés jalonnent les accotements. Les gens sont plus réticents à nous recevoir dans leur jardin que dans certaines autres régions. La saison joue aussi dans le fait que les infrastructures type camping ne sont pas toujours ouvertes du fait que nous ne sommes qu’au début du printemps.

 

Sur la route menant de Ensanada à Ràlun, nous pouvons observer les tas de cendres de l’éruption volcanique du Calbuco qui a eu lieu au mois d’avril de cette année. Le vent a concentré une partie des cendres sur environ une quinzaine de kilomètres. Les élevages de bétails et de chevaux ont du migrer pour brouter ailleurs car les champs sont recouverts de cette couche de cendres au point que l’herbe n’est plus du tout visible. Ces cendres sont considérées comme toxiques et deviennent un danger pendant les périodes sèches et venteuses quand elles se mettent à voler et sont donc facilement inhalées.

 

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Champs recouverts de cendres volcaniques

 

Nous traversons divers parcs et arrivons au premier bras de mer. Ça y est nous ne pourrons plus descendre plus bas en altitude. Nous longeons l’estuaire de « Reloncavi » au petit matin, les prés sont blancs de givre et les cheminées fument. Nous faisons une halte pratique dans le joli petit village de Cochamo où nous pique niquons face à un beau volcan au sommet enneigé.

 

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L'église en bois de Cochamo

 

Nous passons de plus en plus de raidillons et l’asphalte disparait. L’ambiance montagnarde tranche avec la présence de pécheurs et d’élevages de saumons destinés à l’export mondial. Les fleurs jaunes et l’eau bleue nous rappellent la cote lycienne turque et l’architecture et les couleurs des maisons nous font penser aux pays Scandinaves. Nous descendons Cap plein sud. Nous atteignons le début de la Carretera australe (route 7) à Puelche. Nous rejoignons à nouveau l’asphalte pour quelques kilomètres. Ici, à Contao, les activités restent la pêche, l’élevage de poissons et l’agriculture. Les gens travaillent au rythme des marées. José, qui nous propose de planter la tente dans son immense propriété, cultive lui des pommes de terre.

 

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Elevage de poissons

 

 

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Un petit air de côte lycienne.

 

Alors la carretera Austral c’est quoi ? La Carretera Austral est le nom donné à la route n° 7 au Chili. Longue de 1 240 km, elle relie à travers la Patagonie la ville de Puerto Montt à Villa O'Higgins. Initiée en 1976 par le général Augusto Pinochet, son objectif était de relier les différentes communes de ces régions reculées du Chili (1/6 du territoire chilien), jusque là isolées et mal desservies. Il était notamment impossible de rejoindre par voie terrestre chilienne la région de Aysen à moins de passer par l'Argentine voisine.

 

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Le début de la carretera pour nous.

 

Plus de 10 000 soldats de l'armée chilienne participèrent aux travaux du plus coûteux ouvrage d'art du xxe siècle au Chili, nécessitant de trouver des voies de pénétration à travers des fjords, des cols et des roches glaciaires. C’est notamment l’ampleur de ces travaux et son cadre encore sauvage qui lui valent aujourd’hui sa notoriété.

 

Cette route est sans doute l’une des plus empruntées par les cyclo-voyageurs qui viennent du monde entier pour s’y confronter. En réalité, les cyclo sont les seuls à pouvoir continuer une fois arrivés au point le plus au Sud, villa O’higgins, car la route se transforme ensuite en un sentier qui franchit la frontière vers l’Argentine. Pour les autres véhicules, la piste en cul de sac ne laisse pas d’autres options que de remonter plusieurs centaines de kilomètres au Nord pour en sortir. Depuis quelques années, de gros travaux ont été initiés avec pour objectif d’asphalter la totalité de cet axe Nord-Sud, ce qui le rendra inévitablement moins sauvage et plus touristique ce pour quoi il vaut mieux ne pas attendre pour la réaliser…

 

La route avant notre premier ferry qui relie Hornopiren à Caleta Gozalo est particulièrement difficile, les montées sont des « murs ». Ils sont fous ces Chiliens. La piste est caillouteuse et grâce au magnifique soleil, fort agréable, que l’on a eu les trois derniers jours, nous « bouffons » de la poussière toute la journée. Sur la piste, les véhicules ne sont pas tous très sympathiques et circulent globalement vite et proches de nous car évidemment (et heureusement) ce n’est pas une 2x2 voies avec bande d’arrêt d’urgence. Pour les futurs voyageurs qui viendront faire un petit tour dans le coin, n’oubliez pas la protection inox pour protéger vos bas de caisse.

 

A Hornopiren, au ferry, des barouds en moto attendent le bateau comme nous mais pour eux l’objectif est Ushuaia. La ville principale du sud de la région de terre de feu en Argentine. Parmi nos idées que l’on se faisait de notre voyage avant de partir, il y avait « Finir le voyage à vélo dans cette ville mythique « du bout du monde » (pas tout à fait mais presque) ». Nous n’irons pas jusque là et nous arrêterons normalement à El Calafate où nous reprendrons la direction de Buenos Aires, vers le Nord. Les raisons sont simples : Il nous manque un peu de temps pour bien profiter de tout et la ville nous a souvent été décrite comme une destination très touristique et chère, un piège entre le chili et des bras de mer. Cependant la région est, parait il, magnifique.


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Ferry Hornopiren - Caleta Gonzalo

 

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D'un coté un volcan


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De l'autre coté un autre volcan !


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Je reprends donc au ferry. Cette traversée dure au total 5h. Ah Les bateaux ! Nous sommes toujours contents de les prendre mais seulement pour quelques minutes. L’air des cabines ne semble ne jamais être renouvelé, les films sur les écrans de télévision sont à mon grand plaisir violents et sans intérêt et bien sûr on ne peut pas faire de promenade, … Vous aurez compris que d’enfourcher notre monture pour nous dégourdir les jambes après avoir eu 2 portions de ferry et fait 10km de liaison en pick up nous ravis.

 

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Au camping dans le parc Pumalin

 

Nous roulons de Caleta Gonzalo à Chaiten avec une matinée plus que pluvieuse mais le soleil pointe le bout de son nez dans l’après midi. Cette étape est très sympathique et nous découvrons les forets qui ont été décimées en 2008 lors de l’éruption volcanique du Volcan Chaiten. Les cendres sont apparemment un très bon engrais pour la plante Nalca. Celle-ci est comestible et se mange comme de la canne à sucre avec du sel ou en confiture. Elle ressemble esthétiquement à la rhubarbe.

 

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Parc Pumalin


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Le volcan Chaiten

 Une petite journée à Chaiten pour attendre que les nuages noirs et la pluie se dispersent puis nous repartons pour Puyuhuapi.  Sur la route, nous passons à coté de notre première langue glacière. Nous campons à la zone de bivouac du même nom. Comme d’habitude, tout est désert et fermé. Les jours précédents, nous avons été à deux reprises les 2 premiers cyclistes de l’année à dormir dans les infrastructures. Les paysages changent un peu chaque jour, nous nous ré éloignons du golfe de Corcovado qui se jette ensuite dans l’océan pacifique.

 

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 Camping de Chaiten

 

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Chaiten "by rain"


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 La plage de Chaiten

 

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Le port de Puyuhuapi


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 Une petite soirée cuisson au feu de bois

 

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Nous atteignons le parc national Queulat et plus exactement le sentier du glacier suspendu (Ventisquero Colgante). Ce ne sera que le début d’une Journée Marathon, nous allons effectuer les 2 prochaines journées du programme en une. Nous découvrons via les gardes forestiers que le camping du site est  fermé et qu’il est strictement interdit de camper dans le parc sous peine d’être exclus du pays. Les chiliens ne rigolent pas trop avec ça car ils sont obsédés avec le risque de feu de forêt et le risque de propager la maladie Didymo à la Flore de Patagonie.

 


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 La glacier suspendu

 

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 La glace/neige qui se détache du glacier suspendu

 

Nous faisons la marche de 2h30 après nos 20 premiers kilomètres de la journée. Le reste de la journée doit nous permettre de sortir du parc afin de bivouaquer plus loin (au moins 40km). Au milieu, nous souhaitons également nous promener dans la forêt enchantée (bosque encontado) et son lac glacière. Nous arrivons au départ de ce sentier à 18h30 avec une cinquantaine de km dans les pattes. Allez, nous avons 2h avant la nuit et il nous faut normalement 2h aller retour pour le faire, pile poil. Nous traversons cette forêt luxuriante, puis un pierrier et nous voilà aux pieds de glaciers qui plongent dans un lac. C’est à la nuit tombante que nous cherchons un lieu pour le bivouac. Les caillasses non tassées du chantier de la prochaine route en construction ne nous facilitent pas la tâche. Les minutes passent et la lune s’installe, nous trouvons enfin le camp des travailleurs de la route qui nous laisseront dormir dans la cabane de chantier où les cirés et bottes en caoutchouc sont stockés. Nous sommes épuisés car nous posons la tête sur l’oreiller à 23h après 4h30 de marche et 63 km de tandem avec le passage d’un col et de la piste en gravillons. Ce n’est pas la course des 6000D ou un triathlon mais nos mollets sont encore courbaturés rien que dit penser.

 


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Le lac glacière de la foret enchantée


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La foret enchantée


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Nous avançons petit à petit dans le printemps austral. Les Nalcas sont remplacées par les lupins, les jonquilles et les pissenlits dans les champs. Nous atteignons la route qui fait la liaison entre le port de Aysen et Coyhaique et là, le trafic recommence. Nous profitons toujours de petites averses et de nuages noirs. Nous bénéficions ces dernières nuits de cabanettes fermées avec toit et tables ce qui nous permet de laisser la tente tranquille et de dormir à l’abri sur notre bâche de sol. Nous avons aussi vécu ces derniers jours 2 changements d’heure. Je vous explique rapidement. Tous les ans, autour du 18 octobre, les chiliens passent de l’heure d’hiver à l’heure d’été. Nous changeons nos montres mais nous nous rendons compte au bout de 2 jours que l’heure n’a en réalité pas changée ! Cette année le gouvernement a décidé que les chiliens ne changeraient pas d’heure !


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Un aperçu de la piste


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Un aperçu de la route


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La bruinasse du matin


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Un "gaucho"


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Nous arrivons finalement à Coyhaique pour nous y reposer. Suite au prochain épisode

 

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06/11/2015
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