TDM tandem

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Du 8 au 23 Novembre 2015 : La Patagonie Argentine

Nous vous avions laissé au Lago Villa O’higgins et plus précisément à la douane chilienne. Commence alors une après midi sportive car si les vélos sont les seuls (avec les marcheurs) à pouvoir continuer au Sud de Villa O’higgins, ce tronçon n’en est pas pour autant une partie de plaisir ! Un total de 22km plutôt bien sportif qu’il nous faudra 6h pour effectuer. Les premiers 16 kilomètres sont un semblant de piste dont l’état et la pente nous obligent déjà à pousser à plusieurs reprises. Mais la cerise sur le gâteau reste les 6 derniers kilomètres où la piste devient un véritable sentier que même un VTT non chargé ne pourrait effectuer dans la totalité sans pousser : terrains inondés, passages à gué, tronc en travers du chemin, piste en ornière…. Bref, après notre entrée en Argentine, au mieux nous poussons, mais il faut aussi acheminer séparément tandem et sacoches à plusieurs reprises, une bonne galère ! Nous n’avons jamais été aussi heureux de nous être séparé de notre remorque qui aurait nécessité autant de voyage supplémentaire que de nombre d’obstacle. Nous avons aussi eu la chance de réaliser cette section avec Laura et Adria, les 2 cyclistes espagnols qui ont pu nous aider dans les passages les plus difficiles ! Sur les 7 cyclistes que nous sommes à effectuer ce tronçon, on accuse presque tous un peu de casse sur le matériel, pour nous ce sera la énième rupture de la plaque dorsale de l’une de nos sacoches à laquelle l’étroitesse de la piste n’aura su résister.

 

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Ca pousse (photo Adria et Laura)


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Adria dans un éboulement de terrain


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Arbre renversé


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Retour en Argentine (photo Adria et Laura)


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Nous débatant dans la bouillasse (photo Laura)


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Dans les cours d'eau


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Ponton rudimentaire (photo Adria)


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Photo Adria et Laura


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Passages en ornière (photo Adria et Laura)

 

Nous arrivons en fin de journée au poste de douane argentin, situé sur la rive du Lago del desierto. C’est dans ce cadre superbe que nous ferons notre bivouac du soir avec une vue magnifique sur le mont Fitz Roy au loin. Le lendemain, c’est une petite embarcation qui nous permet de traverser le Lago del desierto sans lequel il nous faudrait encore pousser le vélo pendant deux longues journées le long du lac (12km). Autant vous dire que le prix des 45min de traversée nous confirme que le capitaine sait parfaitement que nous n’avons pas d’autres options que d’embarquer à son bord…. Le lac est vraiment superbe, entouré de très nombreux glaciers de toute part.

 

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Bivouac sur les rives du lago del Desierto avec vue sur le Fitz Roy (photo Laura)


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 Des Cauquenes

 

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 Le bateau qui nous fait traverser le lago del Desierto

 

Dernière portion de mauvaise piste et nous arrivons enfin à la petite ville touristique de El Chalten. Nous réalisons le lendemain une randonnée avec Jérémy à la journée pour accéder à la laguna de los Tres qui se situe au pied du mont Fitz Roy et poussons jusqu’à la laguna Sucia au bleu parfait. Nous sommes assez bluffés par ces pics effilés qui en imposent. Sur le retour, nous avons la chance de pouvoir observer 3 condors de très près. Ils seraient le second plus grand oiseau du monde (après une espèce marine) avec une envergure atteignant les 3,6m. Cette partie des Andes nous en aura décidément permis d’en voir beaucoup !

 

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Condors sur la piste avant d'arriver à El Chalten


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Fitz Roy


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 Laguna de Los Tres, enneigée


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 Laguna Sucia

 

Le lendemain, nous remettons ça avec un trek jusqu’à la Laguna Torre, au pied du sommet du même nom dont les 3 pics resteront malheureusement toute la journée dans les nuages. Au bout du sentier, le mirador Maestri nous donne tout de même une superbe vue sur le glacier Torre en contrebas.

 

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 Vue sur le glacier Torre depuis le mirador Maestri

 

Nous patientons une journée de plus pour reprendre la route car la météo nous annonce un fort vent de face. Bonne idée? Pas forcément, car si le vent nous est bien favorable quand nous reprenons la route, il est en revanche annoncé très violent pour les 3 prochains jours avec des prévisions de rafales à 100km/h. Et oui, nous sommes de retour en Patagonie Argentine avec ses vents de dingue. Les 90 premiers kilomètres sont un vrai bonheur, un bon vent de dos qui nous pousse sans que nous ayons presque besoin de pédaler. C’est après que ça se gâte, dès que nous effectuons un virage à 90°C. Le vent mi face – mi côté est juste démentiel et nous faisons des écarts violents à chaque bourrasque. Après 30 kilomètres d’effort intense, nous arrivons enfin au seul abri de la journée, un vieux restaurant abandonné où nous installons notre campement pour la nuit à l’abri du vent, toujours accompagnés de Adria et Laura. Le lendemain, le même schéma se reproduit. Après 60km de vent favorable que nous avalons rapidement, nous prenons la direction de El Calafate où le vent est cette fois ci de pleine face. On envisage le stop mais rouler avec Laura et Adria nous booste pour les 30 derniers kilomètres où chaque minute sera un effort. A 3 vélos en relais, on arrive tout de même à passer de 7 km/h à un maigre 10 km/h. Le carburant de la journée du peloton est le pain avec dulce de leche pour changer.

 

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Il y a juste un peu de vent en Patagonie mais rien de grave !


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Un Piche

 

Une fois arrivés à El Calafate, nous patientons une journée afin de profiter d’un bon créneau de soleil, louons une voiture à la journée et rallions le glacier Perito Moreno, accompagnés cette fois-ci de Lucas, Lucia et Jeremy. Le site est probablement l’un des plus scotchant que nous ayons vu de notre voyage : un immense glacier qui se dresse juste devant nous. Le premier mot qui vient à l’esprit : massif. Dure de rester de marbre face à ce bloc de glace phénoménale devant lequel on se sent vraiment petit. Le mur qui se dresse devant nous mesure 60m de haut et s’étend sur 5 kilomètres de large et 30km de long. A certains endroits, son épaisseur atteindrait même 700m. De la glace, uniquement de la glace ! Plus fascinent encore, le glacier avance de 2m par jour et est l’un des rares glaciers à ne pas être en régression! Du fait de son avancement, nous assistons à plusieurs reprises à l’effondrement de pans complets du glacier qui tombe dans le lac Argentino dans de gros fracas. Le Perito Moreno n’est en fait que l’un des 48 glaciers alimentés par le champ de glace sud de la Patagonie qui s’étend sur plus de 300 kilomètres de long !

 

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Adria, Laura, Jeremy - Repas pizza à l'espagnol


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Perito Moreno


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Effondrement d'un pan de glacier


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 Elise, Jeremy, Lucas, Lucia

 

A El Calafate, nous disons au revoir à Jeremy, Adria et Laura qui s’apprêtent tous à prendre un avion de retour en Europe et reprenons la route vers le Sud. Nous n’avons rien de particulier à y faire mais cela semble être le meilleur choix pour nous rapprocher de la route 3 qui longe la côte Atlantique et dont le trafic plus important nous permettra peut être de remonter en stop jusqu’à Buenos Aires comme nous l’espérons.

 

Sur la route, nous observons toujours des condors, des guanacos et des nandous. Ici, le piège à guanacos, ce sont les fils barbelés qui jalonnent systématiquement chaque côté de la route. Nous avons pu observer les guanacos sauter par-dessus les barbelés. Sauf que parfois, ils se prennent les pâtes dedans et se retrouvent pris au piège, la tête à l’envers. On observe donc de très nombreux cadavres encore encastrés dans les clôtures. Ces fils barbelés nous ont toujours intrigués : il n’y a rien ni personne ici parfois seulement quelques moutons à clôturer. Alors pourquoi ces fils barbelés sans interruption sur des centaines de kilomètres ? Il semblerait que la législation argentine définisse que tout ce qui n’est pas clairement délimité appartienne à l’état….Il y a autant d’explications que d’argentins.

 

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Le piège à guanacos

 

Nous dormons le soir dans le seul bâtiment (un entrepôt des services de la route) que nous aurons vu de toute la journée. Dernière soirée en compagnie de Lucas et Lucia qui prennent eux la direction de Torres del Paine au Chili.

 

Le lendemain, nous commençons la journée en vélo tout en faisant du stop à chaque fois qu’un véhicule nous dépasse. C’est finalement Diego qui nous prendra dans son pick up pour les 150 km suivants. Il nous parle de la Patagonie et de ses ancêtres colons (Anglais, Italiens) qui ont été les premiers à venir s’installer dans la région, cette région déserte et majoritairement peu attractive. Nous apprenons tout de même que près des Andes, les argentins cultivent quelques légumes dans cette région du globe : patates, oignons, carottes….Le reste de la pampa ne permet que d’élever du bétail.

 

Diego nous dépose à l’intersection peu avant Rio Gallegos où commence la route 3 qui traverse la Patagonie du Sud au Nord en direction de Buenos Aires. Notre objectif est plutôt ambitieux, rejoindre Buenos Aires en stop avec notre tandem en bagage soit une distance de 2500km tout de même. Nous avons une chance assez incroyable. A peine arrivés à l’intersection que nous voyons un semi ouvert, vide et arrêté dans le virage sur le bas côté. Nous demandons à Gaston, le chauffeur où il va. Il nous dit remonter sur Puerto Madryn, 1400km plus au Nord. Et nous voilà parti pour 21h en sa compagnie sans même avoir eu à tendre le pouce ! Le voyage se passe vraiment bien, plus de place que dans un bus, nous alternons entre discussions, musique et visionnage de séries. Nous assistons au coucher de soleil, mais pour une fois, le soleil ne disparait pas sur l’océan Atlantique mais sur le continent. Nous sommes de l’autre coté de l’Océan. A 2h du matin, nous nous arrêtons à proximité d’une station service. Gaston dort dans sa cabine, pour notre part, nous gonflons nos matelas à l’arrière du semi et dormons à la belle sous un beau ciel étoilé, que notre fatigue ne nous permettra pas d’admirer bien longtemps. La section que nous parcourons est toujours digne de la Patagonie Argentine, pampa et mini vallons  à l’infini. Ils nous auraient fallu un mois de vélo pour la parcourir…. De toute façon, il faudrait être fou pour le faire, très peu de ville et pas le moindre intérêt pour ce qui est des paysages qui n’ont jamais été aussi monotones. Nous passons quelques villes côtières dortoirs assez glauques qui vivent essentiellement du pétrole dont nous voyons quelques plateformes au large.

 

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Gaston, qui nous conduira jusqu'à Puerto Madryn


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Nuit à la belle 

 

Arrivés à Puerto Madryn à 10h du matin, nous nous reposons et cherchons un moyen de visiter la péninsule Valdes à proximité. On finira par nous proposer de nous rajouter à une voiture de location, solution qui nous conviendra parfaitement. La visite de la péninsule nécessite un peu de motivation car ce n’est pas moins de 450 kilomètres, dont une majorité de pistes, qu’il nous faut avaler dans la journée pour accéder aux différents sites. Sur place on peut observer une faune marine assez riche : éléphants de mer, lions de mer et pingouins de Magellan. Nous sortons tout de même un peu mitigés de cette visite : prix pas donné, beaucoup de route et difficile d’approcher les animaux de près excepté les pingouins. Les orques n’ont pas pointé le bout de leur nez.

 

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Pinguin de Magellan


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Eléphants de mer

 

La meilleure partie sera finalement de se faire deux sorties d’observation des baleines directement depuis la jetée du centre ville de Puerto Madryn. Un régal, on a pu voir dans la matinée des dizaines de baleines Franca Austral, les plus proches passant à une centaine de mètre de la jetée. L’une d’elle nous a offert une série de sauts consécutifs et une autre un beau saut totalement hors de l’eau. Bref, un bon plan ! Les panneaux d’informations nous apprennent que ces baleines dépassent la taille d’un bus et pèse l’équivalent de plus de 6 éléphants d’Afrique. Mais le jackpot, ce sera lors de notre deuxième visite dans l’après midi, cette fois ci, nous avons droit à 3 baleines à 1m de la jetée ! On est comme des fous, à courir sur la jetée pour les suivre. Impressionnant  de voir de tels monstres !

 

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En plein saut


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2 baleines juste à nos pieds


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Le lendemain, retour au stop pour atteindre Buenos Aires. Nous nous postons à la station service en sortie de ville. Après 3h à demander à tous les routiers, c’est Yam qui accepte de nous embarquer à son bord jusqu’à la banlieue de Buenos Aires. Le camion tombe un peu en ruine, les compteurs ne fonctionnent plus, et l’on doit attendre 2h dans la soirée suite à un peu de pluie car les essuies glace ne fonctionnent pas et la conduite devient donc dangereuse quand il pleut. Arrêt du moteur à 1h30 du matin, et l’on passera cette fois-ci la nuit sous le camion pour ne pas être exposés aux averses. Le lendemain, tout avait été un peu trop facile jusque là : la boite de vitesse du camion rend l’âme alors que nous sommes encore à 500km de Buenos Aires. On décharge vélo et bagages et on reprend la route comme si de rien n’était. Impossible de faire du stop sur cette chaussée étroite où les véhicules ne peuvent pas s’arrêter. On roule donc 45km jusqu’à la prochaine station service qui est notre seul chance. Rapidement, nous tombons sur Alejandro qui rentre chez lui juste à proximité de Ezezia l’aéroport international de Buenos Aires. On ne pouvait pas espérer mieux, surtout qu’Alejandro nous propose très rapidement de rester chez lui pour la nuit et même autant de temps que nous le souhaitons. Une belle rencontre.

 

A suivre…


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Yam, en pleine démonstration du café batido (battu)


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 Quel confort !

 

Quelques infos en vrac :

 

-          L’argentine, comme beaucoup d’autre pays d’Amérique du sud nous est apparu comme un pays vide. En dehors de la région de Buenos Aires, 90% du pays semble constitué de cette pampa de buissons épineux et d’herbes rases monotone, presque vide de toute occupation.

 

-          Le blue dollar/euro : Le change d’Euros ou dollars en pesos argentins est un peu particulier. Cela est apparenté à une magouille. Elle nous aura fait beaucoup parler en Argentine et est bien connu des touristes qui se rendent dans le pays. Ici, si vous changez des dollars ou une autre monnaie forte telle que l’euro où le peso chilien en peso argentin, vous gagnez de l’argent ! Je m’explique. Au taux officiel, quand vous changez 1 euros, vous obtenez 10 pesos argentins. Par contre, si vous allez dans la rue et faites du change au marché « blue », vous obtenez plus de 16 pesos argentins pour un euros. Oui, dure d’y croire au début : on cherche forcément la petite bête car cela est contre nature. La raison est en fait assez simple. L’inflation est tellement élevée en Argentine que le gouvernement a interdit aux argentins d’acheter des dollars ou autre monnaie forte (le dollar étant relativement stable, cela permet aux argentins de ne pas voir leur économie perdre énormément en valeur). Du coup, les touristes sont un moyen détourné d’acheter des dollars pour les Argentins qui sont prêt à les acheter à une valeur bien plus élevé que le taux officiel. Jusqu’à aujourd’hui, le gouvernement à fermer les yeux sur ce marché illégal qui se pratiquait sans même se cacher partout dans les grandes villes. Pourtant cela risque de basculer très rapidement car l’un des candidats favoris à la présidentielle a annoncé qu’il supprimerait ce marché parallèle.

 

-          Le coût de la vie en Argentine : Nous n’avons jamais eu à faire à une inflation aussi élevée qu’en Argentine. Pour vous donner une idée, les prix indiqués dans notre guide pour l’année 2014 ont augmenté de 50 à 100% pour l’année 2015. L’argentine  était il y a quelques années un pays peu cher. Elle est aujourd’hui chère, surtout pour ceux qui ne bénéficient pas du taux blue. Si l’inflation continue d’augmenter à ce rythme, on pense qu’elle deviendra simplement inaccessible à une majorité des touristes dans quelques années. Prenons un exemple précis. Pour aller au Perito Moreno, le prix des 160 kilomètres de bus sur asphalte était de 220 pesos en 2013, il est passé à 300 pesos en 2014, puis à 400 pesos en début d’année 2015 pour être aujourd’hui à 450 pesos (45 euros au taux normal) ! Il en est de même avec le prix d’entrée des parcs et les hébergements. Ce phénomène est avant tout un grand handicap pour les argentins pour qui tout évolue en permanence.



25/11/2015
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