TDM tandem

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Du 30 Juin au 14 Juillet 2015 : Le Sud du Pérou

Les premiers kilomètres sur l’asphalte, nous permettent d’atteindre rapidement la ville de La Oroya. Une ville minière plutôt moche que nous traversons avant de rentrer dans la vallée du rio Mantaro. Nous suivons la rivière jusqu’au soir. Les roches qui bordent la route sont encore changeantes. Cette fois ce ne sont pas de vieilles voitures taxis qui nous doublent mais  belles et bien des voitures neuves reluisantes et des bus 2 étages. Nous campons dans un jardin dans le village de Llocllapampa.

 

Le lendemain fut la journée « noire » de la crevaison. Nous avions déjà crevé 2 fois ces derniers jours sans trouver le problème dans le pneu ou sur le fond de jante mais les rustines avaient tenues. Au bout de 4 km et déjà une crevaison, nous nous arrêtons sur le bord de la route prêt à monter dans le premier camion direction Huancayo. Les centaines de coups de pompe à donner à chaque tentative de réparation usent les nerfs de Laurent et nous ne voyons que le changement du pneu comme solution. En sens inverse, nous voyons arriver un tandem de suisses qui roule direction Lima, terminus de leur itinéraire en Amérique du sud.  Nous discutons longtemps et ils nous vendent au passage un pneu d’occasion mais presque neuf. Nous sommes chanceux et croisons les doigts pour que nous puissions continuer et arriver à Huancayo en vélo d’ici la fin de journée. Je vous passe les détails mais après le changement de pneu, la déchirure d’une des chambre à air, les 3 ou 4 rustines qui ne tenaient pas sur l’autre chambre à air, la casse de la pompe à vélo… nous tendons la main et prenons finalement le premier camion de pomme de terre. Le chauffeur très gentil nous déposera à une station service avec de l’Aire et à proximité d’un magasin de vélo. Il est plus de 14h, rien de fait mais nous avons un pneu « neuf » et 2 chambres à air neuves. Nous profiterons de la fin de journée pour nous changer les idées avant le très long trajet Huancayo – Cusco en bus.

 

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Nos sauveurs : un pneu Continental de 2,2 pouces pour traverser les pistes Boliviennes à venir

 

Huancayo – Ayacucho, Ayacucho – Andahuaylas, Andahuaylas – Cusco, ces bus de toutes les tailles se passent plutôt bien. Nous traversons des paysages certes redondants mais superbes et nous observons le tout par la vitre. Le linge sèche toujours sur les haies d’agaves, de cactus, les fils électriques et barbelés. Les maisons sont dans tous les villages barbouillées de slogans et dessins en faveur de l’un des candidats des élections municipales, provinciales et pour le district. Leurs icones sont étonnantes : tracteur, pomme de terre, bonhomme, pelle, chat, tong… et permettent d’identifier rapidement un candidat sans en voir le nom. Et les femmes qui tricotent et qui tricotent ! Leurs tresses nouées ensemble ou séparément par des chouchous avec des perles ou des pompons. Elles ont le plus souvent une activité parallèle : la garde des moutons, la vente de glace ambulante, la gestion d’une « tienda » (petit magasin), une conversation avec des voisines… Elles portent leur bébé dans le dos, maintenu par un grand tissu , comme dans beaucoup de pays. La particularité ici, c’est que pour pas mal de bébé la lumière n’atteint pas leurs yeux ils sont ensaucissonnés et à l’horizontal au milieu de leur baluchon. On se demande d’ailleurs comment ils font pour respirer…

 

Nous déchargeons à Cusco, la première ville où une partie des publicités ne sont pas peintes sur des murs en béton. De plus, les logos « cartes Visa » fleurissent de partout et les vendeurs de la gare routière vendent du « coffee ». Cette ville est considérée comme la porte d’entrée à la 7ème merveille du monde. Nous récupérons notre remorque et déjà au bout de quelques mètres, regrettons ces semaines sans elle. Nous sommes de nouveau trop long et trop lourd. Nous contactons la famille de José-Luis et passons avec eux de bons moments autour d’une table pour le « desayuno » (petit déjeuner), « l’almuerzo » (déjeuner) et le café du soir. Nous visiterons le jour suivant la ville « nombril du monde » selon les Incas. Ah, les Incas ! Grâce à eux la région a mis en place une industrie juteuse autour du tourisme. Cette ville mignonette nous change. Elle est bien sûr comme les autres, construite autour de la plaza de armas, mais les rues pavées ont beaucoup de charme. Les marchés en tout genre fleurissent à tous les coins de rue et nous passons finalement la majorité de notre temps dans ces lieux de vie très sympathiques. Chaque marché dévoile son lot de nouveautés. Nous testons les pommes de terre « helados », gelées pendant plusieurs nuits. Pour moi, ces « papas » ne sont pas vraiment une réussite mais heureusement ils se rattrapent avec l’éternel « pollo » (poulet), viande très privilégiée par les latinos jusqu’à maintenant. Nous marchons au milieu des femmes en tenues traditionnelles qui vendent leur pause photo accompagné d’un petit « quinquin » (agneau) habillé de son petit bonnet de laine. Les boutiques « chiques » vendent des vêtements en laine de bébé alpaga, réputée plus fine et plus douce que les alpagas de plus de 2 ans.

 

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Cuzco : dessin de rue


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Ne pas perdre son temps : les photos avec le lama quand le touriste se pointe, le tricot le reste du temps


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Plaza de Armas de Cuzco


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Vue d'un peu plus haut


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Dès qu'on sort de la ville, les abords de route sont des déchetteries et les chiens se régalent

 

Depuis Cusco, nous pédalons direction la Vallée Sacrée des Incas qui longe la rivière Urubamba. Sacrée vallée qui va nous surprendre par son industrie touristique. Nous empruntons une piste de Izcuchaca à Maras en campant au bord de la laguna Huaypo. Les paysages sont superbes et tout est calme. L’activité du coin est la pêche et dès le lever du jour, les barques naviguent dans l’espoir de prendre quelque chose. Le village de Maras a aussi beaucoup de charme. Ces maisons en adobe (brique de terre) sont une introduction aux paysages des prochaines semaines. Ici, la piste se divise entre les directions de Moray et de Salineras. On fera les deux avec une grande préférence pour le site d’extraction de sel un peu particulier. Moray est un site archéologique d’anciennes terrasses concentriques incas utilisées comme laboratoire. Elles leur permettaient de cultiver diverses plantes en utilisant des micro climats reproduits grâce aux différences d’ensoleillement. Ils optimisaient ainsi les conditions climatologiques pour chaque type de culture… Nous avons fait un petit détour pour observer le site de Moray depuis le mirador. Certes moins proche mais surtout sans ticket d’entrée. De retour à Maras, nous continuons vers une zone d’extraction de sel issue d’une source d’eau chaude. Le chlorure de sodium est « cultivé » ici depuis l’époque inca. L’eau est distribuée dans plus de 4000 bassins par des canaux de terre. Les plus de 400 employés gèrent l’alimentation des bassins par intermittence tous les 3 jours. Ils récoltent le sel à la main tous les mois. Ce sel est (selon les employés) destiné aux animaux et à la cuisine. Il est vendu au Pérou ainsi qu’au Japon et au Brésil.

 

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Belle piste menant à Maras


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Ville de Maras


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Cultures en terrasse de Moray


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De très belles sections à vélo entre Moray et les Salineras

 

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Arrivée aux Salineras de Maras


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Des milliers de bassins de récolte de sel


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Nettoyage et récolte du sel


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Nous rejoignons la future hospedaje (auberge) de Hector, un ami de Jose Luis, à Urubamba et, montons le camp dans le jardin. Il faut que la nuit soit reposante car nous partons le lendemain pour la journée d’approche du Machu Picchu. Nous prenons l’option « confort moyen» pour l’aller c'est-à-dire un mini bus touristique de 6 heures qui nous mène sans changement au départ du train coté Hidroelectrica via la ville de Santa Teresa. Nous devons finir le trajet à pied jusqu’à la ville au pied du site, nommée Aguas Calientes (pour ses sources d’eaux chaudes ou Machu picchu pueblo). C’est après 2h30 de marche que nous arrivons à destination à la nuit. Le moral des troupes doit être au plus haut car le jour J (le ticket n’est valable qu’un jour) est le 8 juillet. Au programme, réveil à 3h45 pour être à la première entrée du site à 5h afin de faire l’ascension des 1700 marches à la frontale et voir le lever du soleil sur le rocher mythique. Nous arriverons finalement bien avant l’heure des premiers rayons de soleil et devront attendre que la lumière fut. Nous visitons ensuite le site avec une partie des 1800 personnes autorisées à entrer ce jour là. Les lamas tondent la pelouse au milieu des guides qui donnent tous une histoire différente sur la vie des Incas et la raison de la construction de ce site. Les « architectes » du site auraient choisi ce lieu extraordinaire, selon l’une des versions ,car il bénéficiait d’une protection naturelle (aux envahisseurs) grâce à la rivière en contrebas de la montagne, la végétation dense et luxuriante et la hauteur de la plate forme rocheuse rendant le site difficilement accessible. Les constructions du village sont plus impressionnantes par le travail de forçat que les hommes ont du fournir que par leur originalité. Ils auraient été soit disant exécutés à la fin de la construction pour garder le secret du lieu.

 

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Chemin d'accès à Aguas Calientes au départ de Hydroélectrica


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Le train, le seul moyen (hors de prix) pour se rendre rapidement au pied du Machu Picchu


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Premiers rayons du soleil sur le Machu Picchu


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Des terrasses, partout des terrasses


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Arrivée du train tonitruante au milieu de Aguas Calientes

 

Nous redescendons jusqu’au village de Aguas Calientes par le même chemin en fin de matinée. Nous rentrerons à Urubamba le lendemain par un itinéraire différent (option confort moins) en suivant cette fois-ci les rails jusqu’à Piscacucho et le kilomètre 82 du train qui retourne à Cusco. 28 km de marche le long des rails où l’on croise de beaux oiseaux bleus ou verts, des cultures de thé, café et d’avocats. Sur les premiers kilomètres de la matinée, nous rencontrons plus d’une dizaine d’hommes servant de mules pour les tours organisés faisant le chemin de l’inca. Nous atteignons vers 14h les « collectivos » qui nous mèneront chez Hector via Ollantaytambo. Ce dernier est un village « médiéval » comme on dirait chez nous. Tout est en pierre et les terrasses d’un site archéologique surplombe cette bourgade.

 

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Et 30km de marche le long de la voie ferrée pour revenir à Urubamba


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Les plantes (et bien souvent des cactus), font parfaitement l'affaire en guise d'étendage à linge


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Chez Hector et Veronica ou nous passons deux nuits et de biens bons repas

 

La route en tandem se poursuit vers Pisac, un autre « patelin » collé à d’autres terrasses incas. Nous faisons un petit tour sur le marché artisanal à la mode chez les visiteurs étrangers. Il est très joli et coloré mais les chaussettes en « alpaga » (ou presque) et les bonnets décorés de lamas sont les mêmes depuis l’Equateur.  Nous mangeons au passage notre mini glace à la crème et repartons pour camper au pied de la porte inca de Rumicolca construite sur des fondations Huari, civilisation précédent les incas. Nous profitons de cette soirée pour regarder les étoiles et la voie lactée sans se geler « la couane ». Une température clémente au soir qui se transformera comme quotidiennement en une petite gelée matinale.

 

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Quelques vestiges


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De beaux ciels étoilés

 

Dans la journée suivante est prévue la visite de l’église San Pedro au style baroque de Andahuaylilas. Les murs et plafonds sont presque intégralement peints et le coeur de l’édifice est complètement doré. Nous roulons depuis plusieurs jours et ce jusqu’à Sicuani dans un paysage typique des Andes péruviennes aux montagnes sèches. Nous longeons une rivière bordée de cultures céréalières et d’Eucalyptus (les seuls arbres ici) qui seront utilisés pour la construction des maisons en adobe, … Sur la route, nous goutons à la chicha (boisson de maïs fermenté) et au « jus » de quinoa, très appréciés des péruviens.

 

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L'église de Andahuaylilas

 

De Sicuani à Juliaca la trajet sera effectué en bus afin de nous « resynchroniser » avec la venue de Lydie et Patrick dans quelques semaines. Nous arrivons sur l’altiplano. Je vais dresser un portrait de la ville de Juliaca un peu négatif mais nous avons été très bien accueillis par Giovanni, warmshower. Nous débarquons le vélo sous un soleil qui brule les yeux, au milieu de la poussière de la piste qui sert de route de contournement du centre ville. Les gens nous fixent comme si nous étions des animaux étranges, les rues du centre sont en chantier et les poubelles n’ont pas été encore installées en ville. Dans certaines rues les usagers se sentent obligés de jeter leurs déchets de partout… Enfin bref, on va à Juliaca comme à Bandar Abas par obligation. Nous avons besoin de rester là une journée pour faire l’aller retour à Puno pour faire tamponner notre passeport. Le poste de frontière très peu emprunté de Tilali, au nord du lac Titicaca,ne délivre pas de tampon de sortie du territoire, il faut alors le faire par anticipation dans cette ville. Nous profitons de ce petit aller retour à Puno pour s’approcher pour la première fois du « lago Titicaca ». Le centre ville piéton est sympathique et l’axe qui relie la place des armes au lac est jalonné de femmes en tenues traditionnelles (toutes différentes) qui s’entrainent à danser. Notre premier avis sur le lac est mitigé. Le port est déserté comme la côte d’azur en plein hiver et les seuls mouvements « maritimes » ne sont pour que les touristes qui vont visiter les iles Uros connue pour être des villages entièrement construits sur une espèce de roseaux qui poussent dans le lac. L’aspect culturel de ces îles semble très intéressant mais nous ne nous sentons pas capable d’apprécier la visite du fait du cadre trop touristique. Dur de croire que les gens et les constructions sur ces îles n’ont pas sensiblement évolués suite au flot de touristes quotidien. Je sais que je vous parle souvent de déchets mais malheureusement le plastique flotte de partout. Il pousse également sur le bord des routes certainement comme chez nous il y a quelques années. Si je vous l’évoque, c’est parce que en vélo ou à pied, nous avons bien le temps de les voir et très souvent de sentir les odeurs nauséabondes. …

 

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Vente de fruits de cactus


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La ville de Juliaca, aucun charme et une pollution extrème


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La menace de massacre ne dissuade personne : les déchets sont partout

 

Pour éviter les gros axes et les lieux touristiques ainsi que pour rouler au plus près du lac, nous choisissons d’emprunter la rive nord, au milieu de l’altiplano. C’est un plateau gigantesque avec au loin une vue sur des sommets montagneux. Les maisons sont parsemées au milieu de cette pampa où est cultivé principalement de l’avoine (pour les animaux). Nous commençons par un vent de face qui en parallèle de nous ralentir fait des tourbillons de poussières. Nous nous croyons dans le désert iranien avec une différence de température tout de même très significative.  Quand nous retrouvons le lac de l’autre coté après Huancané, c’est de magnifiques couleurs qui nous interpellent. Le lac est bleu marine et il ressemble effectivement à une mer intérieure. Les « roseaux » sont jaunes, verts, … les canards ont un bec jaune ou bleu et les barques sont en partie rouge. Les gens y sont sympathiques et la route se transforme en piste. Nous traversons des paysages ressemblant aux cotes croates de l’ile de Pag avec ses cultures de cailloux et ses iles. Nous atteignons Tilali en milieu d’après midi et son poste frontière au milieu de nulle part.

 

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Le long du lac Titicaca


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Canards au bec bleu


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L'étoffe derrière le dos permet de transporter tout et n'importe quoi dont du bois (ou des bébés qui nous semblent à moitié étouffés)


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Un mix entre le lapin et l'écureuil, le viscache


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De belles vues sur le lac Titicaca


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L'habit traditionnel, très largement porté


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Voter pour la tong !


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 Le poste de frontière le plus relax, personne ne nous interpelle quand nous passons

 

 

Infos en vrac :

 

-          Les pommes de terre « helados » appelées Chuño sont une spécialité bien spécifique des Andes centrales.

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Chu%C3%B1o)



07/08/2015
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